Une question de droit très politique
Le tribunal administratif de Lille examinait un référé sur les droits des exilés de Calais
Dossier sensible. Mercredi, le tribunal administratif de Lille examinait un référé déposé par sept associations et 54 migrants de Calais. L’objet de cette procédure intentée contre, notamment, la préfecture du Pas-de-Calais, le département et la ville de Calais : cesser les atteintes graves aux droits fondamentaux des exilés.
Désamorcer l’actualité
Déposée le 16 juin, cette requête a été rattrapée par l’actualité, quand, la nuit du 19 au 20, un chauffeur polonais est mort sur l’A 16 en percutant un camion arrêté à un barrage érigé par des migrants. D’emblée, l’un des avocats des demandeurs a tenté de désamorcer : « C’est une audience sur des questions de droit et non de politique. » « La présence de ces 600 migrants à Calais est niée par les autorités et, de fait, leurs droits fondamentaux à la nourriture, le logement et l’hygiène aussi, poursuit l’avocat. On empêche les distributions de repas, il n’y a pas de douche, pas de places d’hébergement. » « Mais qui sont ces 54 migrants qui nous accusent de ne rien faire pour eux, s’interroge la représentante de la préfecture ? Seuls dix d’entre eux ont déposé des demandes d’asile, nous n’avons jamais vu les autres. Des places, des repas et des douches, il y en a dans les CAO en France, mais ils refusent d’y aller », assure-t-elle. A ce que les associations demandent (accueil de jour, sanitaires…), la maire de Calais, Natacha Bouchart, s’oppose farouchement : « Distribuer des repas dans le centre-ville est une provocation. Et si on reproduit ce schéma, on reproduit l’appel d’air. » « Dans un Etat de droit, on ne peut pas affamer les gens en espérant qu’ils partent, martèle la présidente du tribunal. Alors, en attendant soit la reconduite à la frontière, soit la demande d’asile, on fait quoi avec ces gens qui ont faim ? », lance-t-elle aux parties. Et sur le sujet, chacun campe sur ses positions, entre le « il n’y a rien ici », et le « il y a tout ailleurs ». Le tribunal rendra sa décision lundi.