20 Minutes (Lille)

Une question de droit très politique

Le tribunal administra­tif de Lille examinait un référé sur les droits des exilés de Calais

- Mikaël Libert

Dossier sensible. Mercredi, le tribunal administra­tif de Lille examinait un référé déposé par sept associatio­ns et 54 migrants de Calais. L’objet de cette procédure intentée contre, notamment, la préfecture du Pas-de-Calais, le départemen­t et la ville de Calais : cesser les atteintes graves aux droits fondamenta­ux des exilés.

Désamorcer l’actualité

Déposée le 16 juin, cette requête a été rattrapée par l’actualité, quand, la nuit du 19 au 20, un chauffeur polonais est mort sur l’A 16 en percutant un camion arrêté à un barrage érigé par des migrants. D’emblée, l’un des avocats des demandeurs a tenté de désamorcer : « C’est une audience sur des questions de droit et non de politique. » « La présence de ces 600 migrants à Calais est niée par les autorités et, de fait, leurs droits fondamenta­ux à la nourriture, le logement et l’hygiène aussi, poursuit l’avocat. On empêche les distributi­ons de repas, il n’y a pas de douche, pas de places d’hébergemen­t. » « Mais qui sont ces 54 migrants qui nous accusent de ne rien faire pour eux, s’interroge la représenta­nte de la préfecture ? Seuls dix d’entre eux ont déposé des demandes d’asile, nous n’avons jamais vu les autres. Des places, des repas et des douches, il y en a dans les CAO en France, mais ils refusent d’y aller », assure-t-elle. A ce que les associatio­ns demandent (accueil de jour, sanitaires…), la maire de Calais, Natacha Bouchart, s’oppose faroucheme­nt : « Distribuer des repas dans le centre-ville est une provocatio­n. Et si on reproduit ce schéma, on reproduit l’appel d’air. » « Dans un Etat de droit, on ne peut pas affamer les gens en espérant qu’ils partent, martèle la présidente du tribunal. Alors, en attendant soit la reconduite à la frontière, soit la demande d’asile, on fait quoi avec ces gens qui ont faim ? », lance-t-elle aux parties. Et sur le sujet, chacun campe sur ses positions, entre le « il n’y a rien ici », et le « il y a tout ailleurs ». Le tribunal rendra sa décision lundi.

 ??  ?? Les associatio­ns demandent la distributi­on de repas pour les migrants.
Les associatio­ns demandent la distributi­on de repas pour les migrants.

Newspapers in French

Newspapers from France