« La Tchétchénie était oubliée »
Les premiers Out d’or, prix récompensant les initiatives favorisant la visibi-
lité des LGBT, ont distingué l’enquête du journal russe Novaïa Gazeta sur la persécution des homosexuels en Tchétchénie, dans la catégorie presse étrangère. Irina Gordienko, coauteure de la série d’articles, a répondu aux questions de 20 Minutes.
Avez-vous été surprise de l’impact que votre enquête a eu dans le monde entier ?
Oui. Parce que nous faisons des enquêtes sur la Tchétchénie depuis vingt ans et c’est la première fois que les médias occidentaux reprennent autant l’un de nos articles. Avant cet article, les médias occidentaux semblaient avoir oublié la Tchétchénie.
Les autres médias russes ont-ils parlé de votre enquête ?
Non. Mais le scandale international a conduit Vladimir Poutine à faire une déclaration. Il a prononcé les mots « homosexuels » et « droits humains », c’est déjà une victoire.
Croyez-vous que votre article a eu une quelconque conséquence sur la situation en Tchétchénie ?
Bien sûr. Aujourd’hui, officiellement, ces prisons pour homosexuels ont fermé. Le gouvernement russe a horreur de ce genre de scandale. Je pense que Poutine a ordonné à Ramzan Kadyrov [le président tchétchène] de cesser cette persécution qui a fait passer la Russie pour un pays moyenâgeux. Le combat, maintenant, est d’obtenir des visas pour ces homosexuels. La bureaucratie est très lente.