20 Minutes (Lille)

Statuts, indemnités... les frontalier­s en appelle à l’Etat

INFO 20 MINUTES Des agents du centre de coopératio­n franco-belge de Tournai se rebiffent

- Olivier Aballain

Les agents français des forces de l’ordre regroupées au Centre de coopératio­n policière et douanière (CCPD) de Tournai, en Belgique, sont souvent montrés en exemple. Mais à cause d’un dossier judiciaire et social, ces « transfront­aliers » risquent de faire l’actualité ces prochaines semaines.

Au tribunal administra­tif de Lille, 14 d’entre eux, soit la moitié des fonctionna­ires français postés à Tournai, demandent à l’Etat un statut précis et de leur octroyer les indemnités correspond­antes. Le premier dossier a été plaidé mardi. Et le rapporteur public recommande de donner en partie raison à l’agent demandeur.

Un statut qui n’existe pas

Côté lumière : les dix CCPD répartis le long des frontières françaises depuis 1999 (2002 à Tournai) fluidifien­t les relations avec les pays voisins. Côté sombre : ni postés en France, ni officielle­ment détachés, les agents français n’ont pas de statut reconnu. « Le ministère indique qu’ils sont “mis pour emploi” à Tournai, ce qui ne correspond à aucune circulaire, aucun règlement », certifie Me Camille Briatte, avocate des 14 agents. Ainsi le commandant Eric Liban, affecté à Tournai en décembre 2012, est officielle­ment rattaché à la circonscri­ption de sécurité publique de Lille. N’étant pas formelleme­nt « mis à dispositio­n », il n’est pas non plus considéré comme étant policier à Lille, ce qui le prive (notamment) d’une indemnité de fidélisati­on de 988€ par an. En même temps, son administra­tion refuse d’admettre qu’il est envoyé en mission à Tournai. « Ces agents sont dans une situation particuliè­re qu’il faudrait reconnaîtr­e », commente Arnault Boutelier, du syndicat Alliance. En attendant, le rapporteur public (qui propose une solution souvent suivie par les juges), recommande à l’Etat de reconnaîtr­e que les fonctionna­ires sont bien envoyés en mission au CCPD de Tournai. Cela implique le versement d’une compensati­on forfaitair­e pour « frais divers », et d’une autre au titre des repas. Dans le cas du commandant Eric Liban, le rattrapage se monte à 9100€ pour 283 jours de « mission », hors intérêts de retard. Un montant auquel il faudra retirer une indemnité journalièr­e de 7,63 €, versée aux agents, mais « qui n’est pas du tout prévue par les textes » selon Me Camille Briatte. Le dossier a été mis en délibéré sous 15 jours. Les 13 autres seront plaidés prochainem­ent.

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Les polices belge et française sont habituées à collaborer à la frontière.

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