20 Minutes (Lille)

« Je voudrais négocier la paix »

JEAN-FRANÇOIS MERCIER Le Nordiste rêve de repartir au Yémen, malgré un mandat d’arrêt

- Propos recueillis par Gilles Durand * Cher Yémen, je m’en vais, éd. Orniat, 19 €. Existe aussi en version anglaise et arabe.

L’ancien gendarme d’élite qtombe amoureux du Yémen. C’est l’incroyable histoire que vit JeanFranço­is Mercier depuis 2009, date à laquelle il a commencé à travailler dans ce pays. Ce Nordiste a raconté son aventure exceptionn­elle dans un livre paru l’an dernier*. Aujourd’hui, il essaie d’y retourner, malgré un mandat d’arrêt.

A 51 ans, pourquoi vouloir encore risquer votre peau au Yémen ?

J’ai vécu six ans là-bas. Je suis tombé amoureux de ce pays magnifique, comme d’une femme. Ce peuple est beau. Il a plus de 2 500 ans d’existence. Ça se sent.

Racontez-nous votre expérience sur place...

Je gérais la sécurité de la représenta­tion diplomatiq­ue de l’Europe. J’avais une connaissan­ce de ce travail pour l’avoir fait en tant que gendarme dans des pays comme la Libye, le Liban ou le Tchad.

Votre mission a failli mal se finir...

J’ai vu des amis mourir, victimes d’attentat. Moi-même, j’ai pu sortir du pays in extremis en 2015 car il y avait un mandat d’arrêt contre moi. Je suis d’ailleurs toujours accusé d’espionnage. Je tente de faire annuler ce mandat d’arrêt grâce aux contacts que j’ai encore sur place car je compte bien retourner au Yémen.

Comment percevez-vous ce conflit peu médiatisé en France ?

On n’en parle pas beaucoup parce que le rôle de la France n’est pas clair. Il faut comprendre que ce n’est pas une guerre de religion entre chiites et sunnites comme on pourrait le croire. Le Yémen est un des rares pays au monde où les mêmes mosquées sont fréquentée­s par les deux camps.

Vous pensez que ça peut s’arranger ?

Bien sûr. Le peuple yéménite est très soudé. On peut trouver des accords entre les différents partis. Ce n’est pas à coup de bombes sur la gueule qu’on résout les problèmes. C’est pour négocier la paix que je veux revenir. Vous pensez qu’en dialoguant avec vos amis, ça peut marcher ? J’ai un langage neutre. Je ne prends parti pour personne. Et je côtoie des Yéménites qui ont de l’influence. Tous me disent : « Au moins, toi, tu aimes notre pays ». C’est important. Ça peut paraître utopiste, mais je crois qu’un peuple peut décider de son avenir, s’il est uni.

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Jean-François Mercier a travaillé six ans au Yémen comme agent de sécurité.

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