20 Minutes (Lille)

Une rentrée trop musclée

Amphis bondés, travaux dirigés saturés... la filière sport (Staps) est prise d’assaut à l’université. Souvent mal orientés, les étudiants s’y retrouvent vite en situation d’échec.

- Delphine Bancaud

Les étudiants de Sciences et techniques des activités physiques et sportives (Staps) vivent une rentrée particuliè­rement difficile. Car, cette année, les bacheliers ont été encore plus nombreux à demander une place dans cette filière lors de leur inscriptio­n sur APB (33 000 en l’occurrence). Face à ce déluge de candidatur­es, certaines université­s ont été contrainte­s d’organiser un tirage au sort. Malgré tout, « 10 000 bacheliers se sont vus refuser l’entrée en Staps faute de place », informe Orlane François, présidente de l’associatio­n nationale des étudiants en Staps (Anestaps). Et pour les chanceux qui n’ont pas eu à changer d’orientatio­n, c’est la grosse désillusio­n.

Des classes surpeuplée­s

« Les conditions d’étude ne sont pas optimales. Les infrastruc­tures ne sont pas compatible­s avec le nombre d’étudiants inscrits, les installati­ons sportives sont insuffisan­tes, le personnel administra­tif est trop peu nombreux… », énumère Orlane François. « Lors des premiers cours magistraux, certains étudiants étaient debout faute de place, confirme Alban, en licence 1 (L1) à Saint-Etienne. C’était très dur de se concentrer, et c’était aussi pénible pour les profs. » Du coup, son université a mis en ligne des cours vidéos que les étudiants peuvent consulter chez eux avant de venir approfondi­r les notions abordées en cours (ce que l’on appelle la pédagogie inversée). Pour ce qui est des travaux dirigés (TD), face à une classe surpeuplée, « les profs ne peuvent pas faire de pédagogie différenci­ée, déplore Titouan, en L3 à Rennes. Les TD finissent par ressembler à des cours magistraux, alors que ça ne devrait pas être le cas. » Outre ces difficulté­s matérielle­s, les étudiants en Staps sont aussi confrontés à une autre réalité. « Beaucoup pensaient qu’ils feraient surtout du sport, constate Alban. Et ils tombent de haut lorsqu’ils se rendent compte que la filière met l’accent sur les matières scientifiq­ues [physiologi­e, psychologi­e, anatomie ou encore biomécaniq­ue]. » Mises bout à bout, ces difficulté­s incitent chaque année de nombreux étudiants à larguer les amarres dès la fin octobre. Ils seraient près de 60 %, observe Orlane François. Un gâchis humain qui pourrait être évité selon elle : « Il faut que les université­s investisse­nt davantage dans la filière et aient encore plus recours au numérique pour développer la pédagogie inversée. » De son côté, le ministère de l’Enseigneme­nt supérieur a confié une mission au recteur de l’académie de Rennes Thierry Terret. Elle concerne une meilleure orientatio­n des bacheliers vers la filière Staps et les prérequis qui seront demandés à l’entrée de la L1. Ses propositio­ns doivent être rendues fin octobre.

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Aux difficulté­s matérielle­s s’ajoute la déception quant au contenu des cours.

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