Une rentrée trop musclée
Amphis bondés, travaux dirigés saturés... la filière sport (Staps) est prise d’assaut à l’université. Souvent mal orientés, les étudiants s’y retrouvent vite en situation d’échec.
Les étudiants de Sciences et techniques des activités physiques et sportives (Staps) vivent une rentrée particulièrement difficile. Car, cette année, les bacheliers ont été encore plus nombreux à demander une place dans cette filière lors de leur inscription sur APB (33 000 en l’occurrence). Face à ce déluge de candidatures, certaines universités ont été contraintes d’organiser un tirage au sort. Malgré tout, « 10 000 bacheliers se sont vus refuser l’entrée en Staps faute de place », informe Orlane François, présidente de l’association nationale des étudiants en Staps (Anestaps). Et pour les chanceux qui n’ont pas eu à changer d’orientation, c’est la grosse désillusion.
Des classes surpeuplées
« Les conditions d’étude ne sont pas optimales. Les infrastructures ne sont pas compatibles avec le nombre d’étudiants inscrits, les installations sportives sont insuffisantes, le personnel administratif est trop peu nombreux… », énumère Orlane François. « Lors des premiers cours magistraux, certains étudiants étaient debout faute de place, confirme Alban, en licence 1 (L1) à Saint-Etienne. C’était très dur de se concentrer, et c’était aussi pénible pour les profs. » Du coup, son université a mis en ligne des cours vidéos que les étudiants peuvent consulter chez eux avant de venir approfondir les notions abordées en cours (ce que l’on appelle la pédagogie inversée). Pour ce qui est des travaux dirigés (TD), face à une classe surpeuplée, « les profs ne peuvent pas faire de pédagogie différenciée, déplore Titouan, en L3 à Rennes. Les TD finissent par ressembler à des cours magistraux, alors que ça ne devrait pas être le cas. » Outre ces difficultés matérielles, les étudiants en Staps sont aussi confrontés à une autre réalité. « Beaucoup pensaient qu’ils feraient surtout du sport, constate Alban. Et ils tombent de haut lorsqu’ils se rendent compte que la filière met l’accent sur les matières scientifiques [physiologie, psychologie, anatomie ou encore biomécanique]. » Mises bout à bout, ces difficultés incitent chaque année de nombreux étudiants à larguer les amarres dès la fin octobre. Ils seraient près de 60 %, observe Orlane François. Un gâchis humain qui pourrait être évité selon elle : « Il faut que les universités investissent davantage dans la filière et aient encore plus recours au numérique pour développer la pédagogie inversée. » De son côté, le ministère de l’Enseignement supérieur a confié une mission au recteur de l’académie de Rennes Thierry Terret. Elle concerne une meilleure orientation des bacheliers vers la filière Staps et les prérequis qui seront demandés à l’entrée de la L1. Ses propositions doivent être rendues fin octobre.