Les routiers ouvrent une brèche
Une partie des ordonnances réformant le Code du travail est-elle déjà obso-
lète, deux semaines après leur signature? La question se pose après l’accord signé mercredi pour éviter une grève des routiers. Les organisations syndicales et patronales sont tombées d’accord pour que des éléments de rémunération (13e mois ou primes de nuit) soient négociés exclusivement au niveau de la branche. Une contradiction, au moins en apparence, puisque les ordonnances prévoient, par exemple, qu’il « sera possible [pour une entreprise] de remplacer une prime d’ancienneté imposée par la branche pour un système plus attractif ». « On n’a pas trahi les ordonnances » assure Jean-Marc Rivera, secrétaire général de l’Otre, une organisation patronale du secteur routier. « Ce qui a été décidé, mercredi, c’est de changer la convention collective, et d’intégrer les primes dans le salaire minimum hiérarchique (SMH) », précise l’entourage de la ministre du Travail. Une transformation habile, car le SMH est un sujet qui relève exclusivement de la branche… Au contraire des primes. Malgré la « particularité » revendiquée des routiers, dont la rémunération dépend beaucoup des primes, « cette technique pourrait se transposer à d’autres secteurs », affirme Aurélie Cormier Le Goff, avocate spécialisée en droit social. De fait, jeudi, la CFE-CGC a « espéré que (…) d’autres secteurs sauront vite se mettre à l’abri du désordre social que les ordonnances travail organisent » en imitant les routiers.