A l’article de la perte d’autonomie
Carles Puigdemont a une nouvelle fois décidé de jouer la montre. « Si le gou-
vernement de l’Etat persiste à empêcher le dialogue et à poursuivre la répression, le Parlement de Catalogne pourra procéder (...) au vote d’une déclaration formelle d’indépendance qu’il n’a pas votée le 10 octobre », a écrit, jeudi, le président séparatiste catalan à Mariano Rajoy. Ce à quoi le chef du gouvernement a répondu qu’il « continuera les démarches prévues par l’article 155 de la Constitution pour restaurer la légalité ». Cet article, qui permet de suspendre tout ou partie de l’autonomie d’une région si celle-ci viole ses obligations légales, est « vague, estime Manuelle Peloille, professeure de civilisation espagnole contemporaine à l’université d’Angers. Il parle de mesures nécessaires sans plus de précisions. Mais toutes les compétences prévues par le statut d’autonomie peuvent être reprises en main par Madrid : santé, éducation, administration, police. » Des fonctionnaires et des élus pourraient ainsi être suspendus ou remplacés. Le préfet de Catalogne pourrait prendre la place de Carles Puigdemont. Mariano Rajoy ne peut pas, seul, déclencher l’article 155. Il doit d’abord sommer le président de région de revenir à l’ordre constitutionnel (comme il l’a fait le 11 octobre). En cas d’échec, il doit obtenir l’aval du Sénat. « La mesure sera très mal perçue par les séparatistes, mais n’oublions pas qu’une partie non négligeable des Catalans ne veut pas se détacher », insiste Manuelle Peloille.