Le scandale Weinstein permet de lever le voile sur les thérapies pour les sexe addicts
Les consultations et thérapies à destination des accros au sexe se développent en France
Harvey Weinstein, Tiger Woods, David Duchovny… Toutes ces personnalités ont en commun d’avoir suivi une cure de désintoxication pour soigner leur addiction au sexe. Aux Etats-Unis, les établissements spécialisés pullulent, et fructifient, en raison de leurs tarifs exorbitants (2 800 € la nuit pour The Meadows, en Arizona, où le producteur américain accusé de harcèlement sexuel a passé une petite semaine de rehab). Pourtant, le concept même de sexe addict fait débat au sein de la communauté scientifique.
Aujourd’hui, l’Association américaine de psychiatrie ne classe pas cette addiction comme une maladie mentale. Pour David Ley, psychologue et auteur de l’essai Le Mythe de l’addiction sexuelle, elle est utilisée aux seules fins de « justifier des comportements sexuels irresponsables d’hommes riches, puissants et égoïstes ». François-Xavier Poudat, psychiatre sexologue qui dirige une consultation sur les addictions, notamment sexuelles, au CHU de Nantes (Loire-Atlantique), insiste d’ailleurs sur le fait que « la seule addiction comportementale considérée comme une maladie est l’addiction au jeu ».
Une vraie souffrance
En France, toutefois, les consultations pour les accros au sexe se développent – qui sont à différencier des « harceleurs sexuels, lesquels utilisent leur pouvoir et manipulent à des fins sexuelles ». « On retrouve les mêmes mots, la même souffrance, les mêmes schémas dans l’addiction au jeu, au sport ou au sexe, assure le psychiatre. Pour certains, le sexe a la même valeur thérapeutique que l’alcool ou le tabac. Certes, la société plus permissive et Internet ont facilité la libération de certains comportements, mais cela va bien au-delà du phénomène de mode. » Pas de risque cependant que les traitements à la sauce américaine prennent tout de suite dans l’Hexagone. « Ce sevrage sexuel dans des cliniques extrêmement chères n’existe pas en France, car on travaille d’une autre façon sur l’addiction au sexe, assure Muriel Mehdaoui, sexothérapeute qui dirige une consultation pour cyberaddicts sexuels à l’hôpital Marmottan (Paris, 17e). On essaie par la thérapie de voir s’il s’est passé quelque chose dans l’enfance, comment s’est construite la sexualité. » De plus, « en France, c’est à l’hôpital que l’on prend en charge ces addictions au sexe, indique François-Xavier Poudat. C’est remboursé et il y a un suivi, ce qui limite le danger du côté business. »