Les Etats-Unis a minima à Bonn
Le vide laissé par le retrait de Donald Trump du pacte pour le climat sera dur à combler
Washington plus que jamais isolé. Des 197 pays reconnus par l’ONU, les EtatsUnis sont les seuls à ne pas soutenir l’accord de Paris sur le climat, signé en 2015, qui vise à limiter l’augmentation de la température planétaire à 1,5 °C d’ici à la fin du siècle. Le Nicaragua, qui l’a longtemps jugé trop peu ambitieux, est entré dans le rang le 23 octobre. La Syrie a, elle, annoncé mardi à Bonn, où se tient la 23e Conférence annuelle de l’ONU, qu’elle en ferait de même.
« We are still in »
Etant donné que leur retrait de l’accord de Paris ne sera effectif qu’en 2020, au lendemain de l’élection présidentielle, les Etats-Unis assurent tout de même une présence en Allemagne, avec une délégation réduite à 48 membres. « Trop isolés pour peser sur les négociations, ses membres devraient se contenter de faire profil bas », estime Lucile Dufour, responsable des politiques internationales au Réseau action climat. Ce vide laissé par « les officiels » pourrait toutefois offrir une tribune à une autre voix de l’Amérique : celle de la coalition « We are still in » (« Nous sommes toujours dedans »), née en juin dans la foulée de l’annonce du retrait américain. Les maires, gouverneurs, entreprises, universités… qui la composent (près de 2500 personnes) sont, eux, tous déterminés à maintenir les efforts promis par l’administration Obama pour réduire de 26 à 28 % leurs émissions polluantes d’ici à 2025. A Bonn, la coalition dispose de son propre pavillon et prévoit de présenter samedi la première phase de son « America’s Pledge », un plan d’action ambitieux « pour compenser l’inaction du gouvernement fédéral ». Insuffisant pour combler le vide induit par le retrait de Washington, juge JeanEric Branaa, maître de conférences à l’université Panthéon-Assas et spécialiste des Etats-Unis. D’autant plus que « l’US Climate Alliance [qui réunit les Etats américains soucieux de rester dans l’accord de Paris] ne compte, par exemple, que quatorze Etats, tous démocrates, à l’exception du Vermont. Ces Etats sont en outre assez pauvres, mis à part New York et la Californie. » Selon Jean-Eric Branaa, « il y a peu à parier que leur population accepte des augmentations drastiques d’impôts pour alimenter le fonds vert ». Ce fonds n’est autre que le bras armé de l’ONU pour financer des programmes de réductions des émissions de gaz à effet de serre et d’adaptation au réchauffement climatique dans les pays en développement. Obama avait promis de verser 3 milliards de dollars d’ici à fin 2018. Un seul a été versé à ce jour. Et Donald Trump a fermé les vannes…