Trois artistes féminines démontent les préjugés sur le milieu très masculin du rap
Le milieu du rap, souvent accusé de sexisme, serait peu concerné
«Balance ton porc », l’appel lancé par la journaliste Sandra Muller, à la suite des révélations sur le producteur Harvey Weinstein, continue de faire des émules dans tous les milieux professionnels. Tous? Vraiment? Dans la musique, aux Etats-Unis, quelques têtes sont tombées comme, par exemple,celle de l’un des musiciens de Marilyn Manson. Cette semaine, au moins quatre femmes ont accusé d’agression sexuelle Sean Carlson, créateur du festival FYF, qui a été licencié par le promoteur Goldenvoice.
« Un mépris de classe »
En France, le silence radio est quasi total, même si le milieu du rap, souvent accusé de sexisme, souffre d’une sorte de présomption de culpabilité. Ingénieure du son, rappeuse et beatmakeuse, Just LX évolue dans ce milieu très masculin. « J’ai plus eu affaire aux attitudes déplacées des rockeurs, des artistes pop, voire de cadres de maisons de disques », affirme celle qui dit avoir plus souvent vécu des agressions dans sa vie personnelle que dans sa vie professionnelle et s’être déjà retrouvée seule en studio avec Booba, « respectueux et réservé ».
« Qui se tait consent »
Pour la journaliste Juliette Fievet, le rap est montré du doigt pour de mauvaises raisons. « Il y a un mépris de classe et un manque de considération pour le rap, raconte-t-elle. Il suffit d’écouter certains textes de Gainsbourg pour se rendre compte qu’on n’a pas attendu le rap pour entendre des textes avec des paroles hardcore ». Longtemps manager, notamment de Kery James, Juliette Fievet est catégorique : « Cela n’existe pas dans notre game, beaucoup moins fourbe que d’autres milieux : les mecs y sont bruts de décoffrage. » Débarquée jeune dans le milieu du rap, qu’elle continue de fréquenter, la chroniqueuse de RFI n’est pas connue pour sa langue de bois. « Ce sont ceux qui en parlent le plus qui en font le moins, précise-t-elle. les rappeurs sont comme ça, contrairement aux politiques et autres corps de métiers, qui ont l’air bien sous tous rapports. » La rappeuse Just LX est moins tendre. Pour elle, « qui se tait consent. A part ceux à qui on a posé la question en interview, aucun rappeur n’a réagi de lui-même à la polémique. » Même s’ils n’ont rien à se reprocher, faisons un voeu pieux : que les rappeurs puissent librement parler de violences faites aux femmes et encourager la libération de la parole. Nul doute que leur soutien serait entendu.