Un patron déconnecté ?
Le fondateur d’Altice Patrick Drahi traverse une forte période de turbulences qui rappelle la chute du magnat de Vivendi, Jean-Marie Messier. Mais il croit en sa stratégie.
«C’est un entrepreneur qui a de l’audace. Moi, j’aime bien ça. » Le compliment est signé Jean-Marie Messier lors d’une interview accordée à FranceInfo, en décembre. L’ancien patron déchu de Vivendi se reconnaîtrait-il dans le milliardaire à la tête d’Altice ( SFR-Numéricable, BFM, L’Express) ? Depuis que la société de Patrick Drahi a connu une lourde chute en Bourse – le titre a perdu 45 % de sa valeur – fin octobre, l’ombre de Vivendi est revenue. Pour rappel, au début des années 2000, la société pilotée par « J2M » (le surnom de Jean-Marie Messier) est le deuxième groupe de communication du monde. Mais le prix de l’action s’écroule et l’endettement inquiète les investisseurs. Messier est contraint de quitter le groupe. Comme l’ex-magnat de Vivendi, Drahi défend le rapprochement, au sein d’une même entreprise, des « tuyaux » (câble, fibre Internet) et des contenus qui y circulent (médias, films). Une stratégie qui n’avait pas été couronnée de succès à l’époque Vivendi. Mais, contrairement à Jean-Marie Messier, Patrick Drahi est l’actionnaire majoritaire de son groupe. Ainsi, au milieu de la tourmente boursière de la semaine passée, il a repris la présidence du conseil d’administration, puis s’est adressé aux salariés. Sur la dette aussi, le patron d’Altice se démarque. « Son raisonnement est assez simple, assure Elsa Bembaron, auteure de Patrick Drahi : L’Ogre des networks (L’Archipel, 2017). Il dit en gros “oui, j’ai de la dette, mais j’ai des actifs en face pour la rembourser”. Il arrive à convaincre beaucoup de monde avec ça. » Jusqu’à quand ?
« Oui, j’ai de la dette, mais j’ai des actifs en face. »
Patrick Drahi, patron d’Altice