La psychiatrie bien malade
Le personnel de l’hôpital de Cadillac veut plus de moyens
Les soignants des hôpitaux psychiatriques, à l’image de ceux de Cadillac, en Gironde, tirent la sonnette d’alarme. Selon eux, le manque de moyens met en danger le personnel et les patients.
D errière les belles façades classiques et les arbres centenaires du parc, tout n’est pas rose pour le personnel soignant du centre hospitalier de Cadillac, situé à une quarantaine de kilomètres de Bordeaux, en Gironde. Dans cette structure de prise en charge de la maladie mentale (488 lits, 1300 agents), une grève d’une semaine a eu lieu fin septembre pour interpeller la direction, en particulier sur la réduction de l’effectif du pool de nuit. Celui-ci est composé d’aides-soignants qui, chargés des transports de patients entre Bordeaux et Cadillac, viennent aussi en renfort des différentes unités de l’hôpital lorsqu’elles ont besoin, par exemple, de sortir un malade d’une chambre d’isolement. Plus de deux mois après cette mobilisation, on est toujours sur « un risque majoré » et « un état de crise permanent », assure Laurent Laporte, secrétaire général de la CGT au sein de l’hôpital.
Climat d’insécurité
L’unité Charcot, qui prend en charge les personnes hospitalisées sans leur consentement, accueille 22 patients, pour une capacité d’accueil de 18. Ce matin-là, le service est plutôt calme, mais les équipes soignantes redoublent de vigilance face aux crises des malades. Y compris la nuit, lorsqu’elles sont en effectif réduit. Or, à partir du 1er janvier, le pool de nuit ne comptera plus qu’un seul aide-soignant, contre deux auparavant. Ce qui obligera à « dépouiller une unité de l’un de ses soignants », craint une infirmière. Et augmentera le climat d’insécurité que disent ressentir beaucoup de soignants. « Certains demandent à ne plus faire de nuit, car ils se sentent en danger sans le pool de nuit », déplore Severin Danzon, l’un de ses membres. Pour Philippe Osmond, cadre supérieur de santé à l’hôpital de Cadillac, ce pool a été détourné de sa mission première. Et de rappeler qu’« il existe un dispositif d’alerte qui permet de mobiliser les soignants d’autres unités en renfort, si besoin. Le budget n’est pas extensible. » « Chaque jour, on se demande qui va se faire taper », enchaîne une infirmière, qui se souvient de la violente agression dont a été victime une collègue il y a quatre ans. Si les soignants ont peur pour leur sécurité, celle de leurs patients les préoccupe aussi. « On ne peut pas leur accorder le temps qu’ils souhaitent et on sait que des situations de violence pourraient être désamorcées si on le faisait », déplore une infirmière de l’unité Charcot. « Les effectifs sont plutôt favorables par rapport à d’autres établissements, estime pour sa part Raphaël Bouchard, le directeur de l’établissement. Il nous faut trouver d’autres organisations, être imaginatifs. » Il se demande, par exemple, comment répartir autrement les tâches administratives chronophages dont se plaignent les soignants.