Zéro tracas, zéro blabla, y’a Raka
Le surpuissant ailier fidjien de Clermont pourrait jouer le Tournoi des VI Nations avec les Bleus
C’est très probablement un homme sans reproches, qu’on imagine en fonctionnaire méticuleux. Fan de rugby? Ça aiderait. Il se trouve, que monsieur X, on l’appellera ainsi, tient le sort du XV de France entre ses mains d’examinateur. C’est lui qui devra décider si Alivereti Raka (23 ans), la merveille fidjienne qui explose à Clermont, peut prétendre à la nationalité française. Cela se jouera à 9h45, ce mercredi.
« Des appuis incroyables »
Lundi, face aux Saracens, l’ailier clermontois a tout renversé sur son passage, tel Jonah Lomu, marqué trois essais et donné une offrande à un coéquipier, après une course folle de 60 m… Le gaillard a inscrit 25 essais depuis son arrivée en Auvergne, à l’automne 2014. « Chez les Espoirs, il se passait quelque chose quand il avait le ballon, raconte Bertrand Rioux, directeur du centre de formation. Mais il ne dégoûtait pas tout le monde, comme pouvait le faire Nalaga. » Alors, qu’est-ce qui a fait la différence pour que Raka devienne un monstre, aujourd’hui ? « Il a appris à s’insérer dans un projet de jeu collectif et il ne rechigne pas à défendre, explique le formateur. Alivereti a toutes les qualités : il est adroit de ses mains, il a des appuis incroyables, en conservant sa vitesse sur une longue distance. Je ne vois pas ce qui pourrait l’empêcher de briller en Bleus. » Bernard Laporte, le président de la fédé, a dû se dire la même chose, pour revenir sur sa promesse de mettre fin aux naturalisations de joueurs étrangers. Guy Novès, le sélectionneur, est sur la même longueur d’onde : « Pourquoi empêcheraiton un garçon qui a un enfant avec une Française, qui fait les efforts pour parler français et qui est très bon, de jouer avec nous ? » Vu l’état du rugby français, il serait idiot de faire la fine bouche. Alors, ce mercredi, Alivereti Raka ne devra pas se manquer pour son exam devant monsieur X. « Le fait d’avoir une compagne française doit aider, il comprend presque tout et il est autonome, explique Bertrand Rioux. Bon, il n’est pas très bavard, mais je ne me fais pas plus de soucis que ça. » L’avenir de l’équipe de France en dépend.