Le milieu associatif remonté contre le projet de loi « asile et immigration »
Le milieu associatif s’alarme du projet de loi qu’il juge trop répressif
«Il y avait souvent des silences. On sentait une impossibilité de répondre à nos questions et à nos inquiétudes sur le fond. » Comme d’autres acteurs de l’aide aux migrants, Jean-Claude Mas, secrétaire général de la Cimade, a été reçu en novembre par le cabinet du ministre de l’Intérieur. Objectif affiché par l’équipe de Gérard Collomb : consulter les ONG avant d’élaborer le projet de loi « asile et immigration » promis par Emmanuel Macron. Ce lundi, à l’occasion de la Journée internationale des migrants, 20 Minutes fait le point sur ce texte qui, de l’avis de tous, marquerait un tournant dans la politique d’accueil de la France. Si, dans les couloirs du ministère, on insiste sur le fait que « le texte n’est pas encore finalisé », des fuites sur le contenu du projet cet été ont alarmé le milieu associatif. Jean-François Dubost, juriste chargé du programme « protection des populations » pour Amnesty France, regrette, par exemple, l’absence totale de consultation, mais, au-delà, certains articles particulièrement « durs ».
Rétention allongée
Parmi eux, le doublement de la durée de rétention (de quarante-cinq à quatrevingt-dix jours), l’inscription dans la loi de la notion de « pays tiers sûr »* ou la réduction de moitié du délai de recours en cas de rejet de la demande d’asile (un mois à quinze jours). « On est sur une approche de contrôle très directive des personnes qui demandent l’asile, déplore Jean-François Dubost. On a l’impression que ce projet repose sur le prisme de “bons et mauvais migrants”. C’est une réforme dure, qui n’a rien à envier aux précédentes. Il n’y a aucun renouvellement des idées. » Faute « de dialogue suffisant » avec le gouvernement, des « états généraux des migrations » ont été lancés le 21 novembre par 470 associations et collectifs d’aide aux migrants. Un mouvement citoyen centralisé qui pourrait organiser la « riposte politique ». D’autant plus que la majorité pourrait ne pas approuver le texte comme un seul homme. « Le manque d’intégration des réfugiés est le vrai scandale. Notre politique d’intégration n’est pas au niveau d’une grande nation », a fustigé le 11 décembre le député LREM Stanislas Guérini dans L’Opinion. Conscient du débat âpre qui s’annonce, Jean-François Dubost entend tirer parti du pouvoir législatif : « On n’hésitera pas à proposer des amendements au texte. »