20 Minutes (Lille)

Des associatio­ns réclament la fin du « délit de solidarité »

- Oihana Gabriel

Membre d’Amnesty Internatio­nal et de l’Associatio­n nationale d’assistance

aux frontières pour les étrangers (Anafé), Martine Landry, qui sera jugée en janvier, encourt cinq ans de prison et 30 000 € d’amende. Il lui est reproché d’« avoir facilité l’entrée de deux mineurs étrangers en situation irrégulièr­e (…), en ayant pris en charge et convoyé pédestreme­nt ces deux mineurs du poste frontière côté Italie au poste frontière côté France ». Ce délit inscrit dans l’article L622-1 du Code de l’entrée, du séjour des étrangers et du droit d’asile, les associatio­ns l’appellent « le délit de solidarité ». « A l’origine, [cet article] avait pour objet de pénaliser les passeurs, rappelle Laure Palun, coordinatr­ice de l’Anafé. Or, il a été “détourné” pour criminalis­er les militants qui viennent en aide aux personnes qui sont en situation de détresse. » Les associatio­ns demandent donc son abrogation. Manuel Valls avait promis d’y mettre fin. Mais la loi du 31 décembre 2012 n’a fait qu’élargir les exceptions pour différenci­er passeurs et humanitair­es. Elle précise ainsi qu’aucune poursuite ne peut être engagée si l’acte, par exemple, « n’a donné lieu à aucune contrepart­ie directe ou indirecte et consistait à fournir des conseils juridiques ou des prestation­s de restaurati­on, d’hébergemen­t, de soins… ». Dans le cas de Martine Landry, ajoute Jean-François Dubost, d’Amnesty France, « on estime qu’elle retire une “contrepart­ie” de son geste, car elle a été confortée dans ses opinions. C’est grave, car on entre sur le terrain des conviction­s, qui n’a rien à voir avec le cadre prévu par la loi. »

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Martine Landry risque cinq ans de prison et 30000 € d’amende.

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