Le scandale du « blackface » atteint le carnaval
La polémique du « blackface » s’invite au carnaval de Dunkerque 2018
D’Antoine Griezmann à Dunkerque, il n’y a qu’un pas. Que vient de franchir la Brigade anti-négrophobie via Facebook. Après avoir fustigé le « blackface» (visage en noir) du joueur de foot, c’est une soirée du carnaval de Dunkerque, la Nuit des « Noirs », qui est visée par la polémique.
« C’est un beau gâchis »
L’événement, organisé tous les cinq ans à Leffrinckoucke, près de Dunkerque, devait avoir lieu, cette fois, au Kursaal de Dunkerque, le 10 mars, pour célébrer les 50 ans de ce groupe privé dont la tenue carnavalesque est très codifiée : visage grimé en noir, collier d’os autour du cou et jupe de raphia. Sur son profil Facebook, la brigade exige que « cet événement soit purgé de toute forme de négrophobie faciale ! » La menace est prise au sérieux à la ville de Dunkerque. « Il est possible que la sous-préfecture, au vu de la polémique, exige un renforcement de la sécurité », explique la mairie. En attendant, sur les réseaux sociaux, les insultes vont bon train. « On pourrait aussi reprocher au carnaval son côté sexiste, regrette la ville de Dunkerque. C’est dommage d’entacher ainsi cette tradition et cet esprit potache qui consiste à abolir les classes sociales et les races. Au lieu de cela, cette polémique ne fait que monter les gens les uns contre les autres. C’est un beau gâchis. » « Le malentendu vient que ce maquillage ne représente en France qu’un déguisement amusant et festif, explique Peter Wiisbye, étudiant danois de 27 ans qui a travaillé sur le “blackface”. Les Français cherchent à oublier le passé colonial. Quand j’avais interviewé le chef du groupe de Noirs, il n’a jamais évoqué l’histoire esclavagiste du pays comme référence. »