Le péril jeunes
Le virus sévit sur l’ensemble du territoire depuis quelques semaines. Plus sévère qu’à l’accoutumée, il a provoqué la mort de plusieurs enfants.
Les jeunes pris pour cibles par la grippe. L’épidémie, qui sévit actuellement, tue des patients plus jeunes que d’habitude, révèlent les dernières données publiées par Santé publique France. Alors que les quelque 14 000 morts « attribuables à la grippe » de 2016-2017 étaient à 91 % âgés de 75 ans et plus, la répartition des décès parmi les « cas graves » observés depuis le 1er novembre est différente. « Parmi les cas admis en réanimation, soixante-dix sont décédés : trois étaient âgés de moins de 5 ans, 29 de 15 à 64 ans et 38 de 65 ans et plus », détaille Santé publique France. Vincent Enouf, virologue et directeur adjoint du Centre national de référence de la grippe à l’Institut Pasteur, analyse le phénomène.
Le virus de la grippe est-il plus virulent cette année ?
Chaque année, la grippe touche principalement les personnes les plus vulnérables. Mais, cet hiver, la souche du virus de la grippe qui circule le plus, le H1N1, du groupe A, a la particularité d’être très sévère, et touche des patients plus jeunes qu’à l’accoutumée.
Un enfant de 9 ans est décédé des suites de la grippe ce vendredi à Lourdes. Comment l’expliquer ?
On ignore encore les causes exactes de la mort de cet enfant, s’il avait ou non d’autres problèmes de santé. Chez les personnes fragiles (âgées, immunodéprimées, etc.) ou souffrant d’une maladie chronique (diabète, insuffisance respiratoire ou obésité morbide), la grippe peut entraîner de graves complications, qui peuvent être mortelles. Mais on sait par ailleurs que le système immunitaire des plus jeunes n’a pas beaucoup été exposé à la souche H1N1 du virus de la grippe. Or, la couverture vaccinale contre ce virus est moins bonne. Dans les cas les plus graves, la grippe peut mener à des maladies méningées, de type encéphalite, ou altérer la capacité respiratoire.
Pourquoi la grippe touche-t-elle aujourd’hui autant de personnes ?
C’est le fait d’une couverture vaccinale insuffisante, qui ne parvient pas à former une barrière collective contre la propagation du virus. De gros progrès restent à faire sur ce terrain. Aujourd’hui, chez les personnes à risques, pour qui l’injection est d’ailleurs prise en charge à 100 %, la couverture vaccinale n’est que de 46 %. Il ne faut pas oublier que la vaccination des femmes enceintes contre la grippe les protège contre le virus. Un bébé ne peut pas être vacciné avant l’âge de six mois. Vaccinée durant la grossesse, la mère lui transmet ses anticorps.
Que dites-vous aux plus sceptiques face à la vaccination ?
Le réflexe est de se faire vacciner dès le lancement de la campagne saisonnière, et ne pas attendre l’arrivée de l’épidémie. Parmi ceux qui déclarent avoir eu la grippe malgré le vaccin, beaucoup pensent à tort l’avoir contractée. Il va souvent s’agir d’un autre virus respiratoire, mais qui n’est pas nécessairement la grippe.
« Le système immunitaire des plus jeunes n’a pas beaucoup été exposé au virus. »