« Questeur », un emploi de rêve à l’Assemblée
L’élection du nouveau questeur de l’Assemblée nationale se tient cet après-midi
Sans suspense, le député Eric Ciotti (Les Républicains) devrait être élu questeur de l’Assemblée nationale, cet après-midi. L’élu des Alpes-Maritimes, qui pensait hériter de ce poste en juin, avait été battu par son ancien collègue Thierry Solère, passé depuis à LREM. Un changement qui a fait désordre puisque, depuis 1973, la règle veut que l’un des trois postes de questeurs soit attribué à l’opposition, les deux autres étant acquis à la majorité. Sous la pression, Thierry Solère avait dû alors démissionner en novembre. Peu connus du grand public, les questeurs occupent l’un des postes les plus stratégiques et privilégiés de l’Assemblée. Chargés des services financiers de la Chambre basse, ils gèrent un budget d’environ 550 millions d’euros par an. « Aucune dépense nouvelle ne peut être engagée sans leur avis préalable », précise le règlement de l’Assemblée nationale. Les questeurs sont aussi chargés des services administratifs (personnel, patrimoine immobilier, voitures, sécurité) et de ses fonctionnaires (1132 en poste au 1er février 2017) : administrateurs, agents chargés de l’accueil, rédacteurs des comptes rendus, chauffeurs.
De nombreux privilèges
Outre le président, les questeurs sont les élus les mieux rémunérés de l’Assemblée. Ils reçoivent une prime de 5 004 €, en plus des 7 210 € d’indemnité par député, soit un total de 12214 € brut par mois. Ces derniers bénéficient d’un secrétariat, d’un maître d’hôtel, d’un cuisinier et d’une voiture avec chauffeur. Ils disposent par ailleurs d’appartements de fonction de 400 m2 au sein du Palais-Bourbon. Des privilèges qui interrogent Ugo Bernalicis, député France insoumise et lui aussi candidat au poste de questeur : « Il est hypocrite de dire qu’il faut toujours plus de contrôles pour les députés alors que les salaires du président et des questeurs sont trois fois plus élevés que celui des députés. Qu’est-ce qui motive cette différence ? » « Le poste de questeur est lourd, assure Jean Launay (PS), qui a joué ce rôle entre septembre 2016 et juin 2017. Il est le lien entre tous les sujets de l’Assemblée. C’est aussi un poste sensible et éminemment politique, où le dialogue est important pour trouver des solutions collectives. » Ce mardi, Eric Ciotti devrait rejoindre Florian Bachelier (LREM) et Laurianne Rossi (LREM) à la questure.