Le suspect conteste son renvoi devant les assises
Willy Bardon, le principal suspect, sera-t-il renvoyé devant les assises ?
Il a toujours juré qu’il était innocent. Contrairement à ce que pensent les trois juges d’instruction d’Amiens (Somme), chargés d’élucider le meurtre d’Elodie Kulik, 24 ans. En avril 2017, ils ont décidé de renvoyer Willy Bardon, 44 ans, devant la cour d’assises, pour enlèvement suivi de mort. Mis en examen en janvier 2013, il a fait appel de la décision des magistrats. Ce mardi, la chambre de l’instruction de la cour d’appel d’Amiens va donc se replonger dans cette sordide affaire. « Nous interjetons appel, car il n’y a pas assez d’éléments graves et concordants à l’encontre de Willy Bardon pour le renvoyer devant la cour d’assises, explique à
20 Minutes son avocat, Me Stéphane Daquo. Nous sollicitons un non-lieu. »
« De trop mauvaise qualité »
Le 10 janvier 2002, Elodie Kulik tente d’appeler les pompiers avec son téléphone portable après un accident de la route. Pendant une vingtaine de secondes, les secours entendent la jeune femme hurler. Tout juste parviennentils à distinguer, derrière sa voix, celles d’au moins deux hommes avec un fort accent picard. Deux jours plus tard, le corps de la jeune femme est retrouvé, en partie calciné. Les investigations montrent qu’elle a été violée, puis étranglée. Si deux empreintes ADN sont relevées, aucun suspect n’est identifié. Dix ans plus tard, les progrès scientifiques ont permis de désigner un suspect : Grégory Wiart, un artisan de 23 ans, décédé dans un accident de voiture quelques mois après le crime. Willy Bardon, placé en garde à vue le 16 janvier 2013 avec six autres personnes, était justement un de ses amis. Sur l’enregistrement de l’appel d’Elodie Kulik aux pompiers, cinq personnes et l’ex-compagne de Wiart reconnaissent la voix de Bardon, qui avait lui-même indiqué aux gendarmes qu’elle ressemblait à la sienne. Avant que le principal suspect ne se rétracte. « Un certain nombre d’experts estiment que l’appel est de trop mauvaise qualité pour être exploité », plaide Me Daquo, qui ajoute qu’aucun ADN ou relevé téléphonique ne peut prouver sa présence sur la scène du crime. Seize ans après le meurtre d’Elodie, Jacky Kulik, son père, qui avait déjà perdu deux filles dans un accident de voiture, espère qu’un procès s’ouvrira. Il avait promis à son épouse, décédée, elle aussi, après avoir ingéré un produit toxique, qu’un jour, justice serait rendue à sa fille.