Les ravages au quotidien
A l’occasion d’une soirée spéciale sur France 2, « 20 Minutes » se penche sur le cas de ces consommateurs très réguliers d’alcool, qui peinent parfois à reconnaître leur addiction.
Pierre, 42 ans, ne se considère pas dépendant à l’alcool. Parce que le vin blanc, ce n’est « pas fort », et que les verres qu’il prend dès qu’il rentre du travail (jusqu’à huit par soir, car il se couche tard), il pourrait aisément s’en passer. « C’est déjà arrivé, mais je ne le fais pas souvent, car c’est relaxant et convivial », reconnaît le quadragénaire. Le « confort de l’alcool », décrit comme une consommation régulière de ce dernier, et auquel s’intéresse 20 Minutes dans le cadre d’un partenariat avec France 2 (lire ci-dessous), reste tenace chez les Français. D’autant plus que cette habitude est soutenue par « une banalisation de l’alcool, produit licite que l’on achète facilement, partout et à toute heure », regrette Elise Gaugler, docteure au centre d’addictologie des hôpitaux universitaires de Strasbourg. La pratique a toutefois évolué. « Il existe une tendance à mieux consommer, c’est-àdire en moindre quantité, mais en meilleure qualité », relève-t-elle. Marine, qui suit une formation en hôtellerie, se rappelle que, « chez mes grands-parents, il y avait toujours une bouteille de vin à table. Mais, moi, je préfère choisir les moments où je bois et je cible un vin qui s’accorde avec ce que je mange. » Vincent Goesel, producteur de vin à Dorlisheim (Bas-Rhin), confirme que, « ces dernières années, la consommation va plus sur des vins de qualité que des vins d’entrée de gamme ». Mais comment, dès lors, savoir si l’on a un problème avec l’alcool ? « Il faut prendre en compte la quantité, la fréquence, le contexte de consommation et les conduites à risques associées, résume Elise Gaugler. Si l’on constate des conséquences dans sa famille comme des disputes conjugales, de la fatigue chronique, des problèmes de sommeil, une prise de poids, moins d’efficience au travail, il faut commencer à se poser des questions. » A ce sujet, tient-elle à ajouter, « de plus en plus de personnes consultent des professionnels de santé, que ce soient leur médecin généraliste, le pharmacien... Avoir un problème avec l’alcool est moins “honteux” qu’autrefois. »
« Avoir un problème avec l’alcool est “moins honteux” qu’autrefois. »
Elise Gaugler, médecin addictologue à Strasbourg