20 Minutes (Lille)

L’histoire de l’athlète aveugle qui aurait tout vu à Turin

En lice au meeting de Paris, ce mercredi, le champion du monde évoque sa notoriété

- Propos recueillis par Nicolas Camus

Après des apparition­s dans l’Eure et à Lyon, Kevin Mayer sera l’une des têtes d’affiche du meeting indoor de Paris, ce mercredi, à l’AccorHotel­s Arena. Le champion du monde de décathlon va se tester sur le poids, la longueur et les haies, alors que se profilent les Mondiaux en salle de Birmingham (Angleterre), du 1er au 4 mars. Si les championna­ts d’Europe de Berlin, en août, restent son principal objectif de l’année, tout le monde espère le voir battre le record du monde d’Ashton Eaton.

Vous retrouvez le public français, qu’attendez-vous de ce meeting ?

Je suis en pleine préparatio­n, donc pas dans ma meilleure forme. J’y vais pour faire de bonnes perf. A la maison, j’arrive à faire des trucs pas mal. J’ai envie de m’amuser avec le public.

Vous aviez fait comprendre à Rio que ça vous agaçait un peu que l’on parle de votre physique…

C’était surtout une exagératio­n des médias. Je ne disais pas que j’en avais marre, je disais juste que certaines personnes ne respectaie­nt pas les gens dans leur vie personnell­e. Ça reste un grand plaisir de voir que je suis reconnu pour mes titres et ce que je suis. Ça s’est calmé, je le vis très bien maintenant.

On ne vous voit pas énormément dans les médias. C’est un choix de votre part ?

J’ai refusé beaucoup de sollicitat­ions. Pour faire les résultats que je fais, j’ai besoin de beaucoup d’entraîneme­nt. J’habite à Montpellie­r, et tout ce qu’on me propose est à Paris. Si je commence à aller à Paris toutes les semaines, ce n’est pas compatible avec mon entraîneme­nt.

Vous ne vous dites pas que vous auriez davantage à gagner en vous mettant plus en avant ?

Ça fait partie de ma réflexion. Je sais que plus j’aurais de la visibilité, plus je pourrais avoir des contrats et être confortabl­e financière­ment. Mais si je me laisse embarquer là-dedans, je ferai moins de résultats et on m’oubliera très vite. Ma passion première, c’est le décathlon. C’est utile de gagner de l’argent, c’est même primordial pour pouvoir m’entraîner dans de bonnes conditions, mais il y a une manière de faire.

Beaucoup de gens ont découvert le décathlon grâce à vous. Qu’est-ce que cela vous inspire ?

C’est une de mes plus grandes fiertés dans la vie. Je ne ferais pas autant de médias si c’était juste pour parler de moi. Je me sens redevable envers mon sport. C’est utile de l’amener au grand public. Pour moi, le décathlon est une école de la vie. Je suis persuadé que ça peut permettre à beaucoup de jeunes de se trouver.

On vous sollicite pour venir parler dans les clubs ?

Oui, beaucoup. Mais c’est très compliqué de répondre positiveme­nt à toutes les demandes. Tout le monde me parle du record du monde, des titres à aller chercher… Mais on ne se rend pas compte du travail que ça demande. En ce moment, je calme beaucoup tout ça. Oui, ça ferait plaisir à plein de gens, mais, dans un an, si je ne fais rien, on dira que je suis fini et on m’aura oublié.

Que vous disent ces enfants ? Que faire dix épreuves en deux jours, c’est impossible ?

Ah oui, ils me disent souvent ça ! Avec les petits, c’est toujours hyper drôle. C’est ce que je préfère. Leur regard, leur manière d’être toujours naturelle, leur façon d’apprécier la personne pour ce qu’elle est, ça me parle. Je vais bientôt créer un événement pour petits et grands, pour prouver que tout le monde peut faire un décathlon. J’ai envie de rendre ce sport accessible.

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