Laeticia Hallyday caricaturée en « marâtre »
L’affaire suscite des clichés sexistes dans l’opinion
«Laeticia la profiteuse », « Je voulais acheter l’album [ posthume] de Johnny, mais je ne le ferai pas car je ne veux pas mettre mes sous dans la bourse d’une veuve noire. » Il suffit d’aller faire un tour dans les commentaires des articles de 20 Minutes sur l’héritage de Johnny Hallyday pour trouver ces avis définitifs et anonymes au sujet de sa dernière épouse. Des internautes malveillants sont même allés jusqu’à modifier la page Wikipédia de Laeticia Hallyday pour la qualifier de « femme vénale ». Pourtant, à ce jour, rien ne permet d’affirmer qu’elle a joué un quelconque rôle dans la décision du rockeur de déshériter – comme la loi américaine le lui a permis – ses deux enfants biologiques, Laura et David. Ce qui s’annonce comme un feuilleton judiciaro-people sur fond de déchirement familial est abondamment relayé dans la presse, quitte à donner un écho à des jugements purement subjectifs. « Les médias transportent et aggravent les stéréotypes alors qu’ils devraient y remédier », estime Sylvie Debras, docteure en sciences de l’information, spécialiste de l’analyse de la place et de l’image des femmes dans les médias. Mercredi, Le Parisien a affiché en une une photo de Laeticia Hallyday surmontée du titre : « Comment elle a pris le pouvoir ». « C’est l’imaginaire de la marâtre qui est convoqué, le trait est appuyé, on caricature, car c’est bien de trouver des coupables, regrette Aude Lorriaux, porte-parole du collectif Prenons la une, qui réunit des femmes journalistes militant pour une juste représentation des femmes dans les médias. Cela me fait penser à l’affaire Amber Heard qui avait porté plainte contre Johnny Depp en l’accusant de violences conjugales. Comme il s’agit d’un acteur apprécié, plein de gens ont dit qu’elle faisait ça pour l’argent. » A ce sujet, le psychanalyste Pascal Anger affirmait en 2016 à 20 Minutes : « Il est certain que les fans préfèrent salir cette femme plutôt que lui, d’autant plus que ce n’est jamais très bien vu pour une jeune fille d’être avec un homme plus âgé. On se demande pourquoi elle est avec lui : pour son argent, parce que c’est une icône, n’at-elle pas trouvé le moyen de le faire chanter ou de salir son image ? » Des mots que l’on pourrait presque reprendre mot pour mot afin d’évoquer ce qui se joue aux yeux de l’opinion publique dans l’histoire de l’héritage de Johnny Hallyday.
« On caricature, car c’est bien de trouver des coupables. » Aude Lorriaux, Prenons la une