20 Minutes (Lille)

Pierre Vaultier ne laisse pas une miette d’or à la concurrenc­e en snowboardc­ross

Malgré une chute en demi-finale, Pierre Vaultier a été sacré en snowboardc­ross, jeudi

- De notre envoyé spécial en Corée du Sud, Jean an Saint-Marc

«C’ est une machine, de A à Z, il a un truc que personne n’a », exulte Merlin Surget, le coéquipier de Pierre Vaultier. En effet, le snowboarde­ur français vient de marquer l’histoire de son sport. Une nouvelle médaille d’or, jeudi, quatre ans après Sotchi, dans des conditions incroyable­s. En Russie, il n’avait plus de ligaments au genou. Cette fois, une étoile planait au-dessus de sa tête. La finale de snowboardc­ross, il l’a bouclée presque trop facilement. C’est en demi-finale que sa journée a basculé. « Jarryd Hughes prend une mauvaise ligne à l’entrée du dernier virage et nous met tous par terre, commente Vaultier. J’ai pensé que c’était perdu. J’ai déchaussé ma fixation, j’ai poussé, j’ai rechaussé et j’ai passé la ligne. Je n’étais pas sûr d’être troisième [et qualifié]. J’ai regardé le tableau et j’ai vu que c’était bon. Je me suis dit : “Mais qu’est-ce que c’est que cette histoire, on est chez les fous.” »

Pas tout à fait. Juste sur l’un des meilleurs sports des JO d’hiver. La règle est la plus simple du monde : une course à six, où les renverseme­nts de situation sont nombreux et le premier en bas a gagné. Alors, en ne voyant pas son poulain sur les écrans dans la zone d’arrivée, lors de cette fameuse demi-finale, son entraîneur Kevin Strucl s’est aussi fait quelques cheveux blancs : « Je ne peux même pas expliquer ce que je ressentais. J’étais vidé. On se dit qu’on a travaillé pendant quatre ans pour rien. » D’autant plus cruel qu’à ce moment-là, sur les écrans, le réalisateu­r avait perdu Pierre Vaultier. Kevin Strucl, comme le maigre public du Phoenix Park, ne comprenait rien. Ils l’ont seulement vu réapparaît­re, miraculeus­ement, en bas de la piste, pour se qualifier en finale et remplir encore un peu plus son armoire à trophées : deux médailles d’or aux JO, un titre de champion du monde, cinq globes de cristal, vingt manches de Coupe du monde… « Ça y est, c’est une légende de son sport », valide un entraîneur plus qu’heureux. Car les légendes, c’est connu, se construise­nt dans la douleur. La chute, jeudi. Et avant : les fractures dans le dos, le péroné, la cheville et la rupture des croisés, entre 2008 et 2013. Un peu cabossé par les années, épuisé par le marathon médiatique post-médaille, Vaultier s’interroge sur son avenir. Une chose est sûre, il se souviendra longtemps de cette course folle. « Dans toute ma carrière, je ne m’étais jamais qualifié en déchaussan­t. » Il ne faut jamais dire jamais. ■

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Vaultier a conservé le titre acquis à Sotchi. a ip S / P A / ll u B . G

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