20 Minutes (Lille)

Un congrès pour se relancer

A Lille, ce week-end, Marine Le Pen va tenter de restaurer son image auprès des militants

- Anne-Laëtitia Béraud

Ambiance morose à la veille du congrès de « refondatio­n » du Front national, à Lille, samedi et dimanche. Déception des législativ­es, départ de proches, flottement programmat­ique, le FN se questionne. Tandis que sa présidente confie sa lassitude. Subir « un trou d’air » après sept ans de présidence « n’a rien d’étonnant », a déclaré jeudi Marine Le Pen.

« Sa crise de leadership est certaine », assure Bruno Cautrès, du Centre de recherches politiques de Sciences Po Paris (Cevipof). Dans la course à l’Elysée, la candidate a semé le doute après un débat télévisé calamiteux face à Emmanuel Macron, même si elle a recueilli un record de 10,6 millions de voix, au soir du second tour. « Les électeurs, et même les militants, s’interrogen­t sur sa capacité, ou non, à donner le sentiment que le parti peut encore progresser », souligne Bruno Cautrès. L’impression d’une dynamique enrayée se reflète dans la dernière enquête d’opinion Kantar Sofres, où 55 % des sondés ne souhaitent pas que Marine Le Pen soit la candidate du FN pour la prochaine présidenti­elle. Et moins d’un Français sur cinq estime qu’elle est honnête et inspire confiance, contre 28 % en 2017.

Sûre d’être réélue

Cette image dégradée est cependant relativisé­e par Jean-Yves Camus, directeur de l’Observatoi­re des radicalité­s politiques à la Fondation Jean-Jaurès. « Marine Le Pen est seule candidate à sa réélection. S’il y avait un espace jugé suffisant pour qu’un autre candidat obtienne un score honorable, il y serait allé. »

A Lille, la députée du Pas-de-Calais devrait marteler le besoin de changement stratégiqu­e de sa formation pour briser « le plafond de verre » électoral et faire du FN un parti de gouverneme­nt. Pour cela, elle mise sur des alliances avec des « nationaux ». « Mais il faut être deux pour signer une alliance. Les Républicai­ns n’en veulent pas, et la formation de Nicolas Dupont-Aignan reste marginale pour faire gagner le FN », tranche Jean-Yves Camus. Le principe d’un changement de nom du parti, validé jeudi par les militants, « s’il est accompagné d’un changement stratégiqu­e, pourrait apporter de la cohérence », remarque Bruno Cautrès. A l’issue du congrès, Marine Le Pen pourrait continuer à subir un « trou d’air ». « Mais, des crises, le parti en a connu des quantités industriel­les », indique Jean-Yves Camus. Et les difficulté­s socio-économique­s, la sortie ou non de l’Europe, continuent d’alimenter le discours du FN, estime Bruno Cautrès. ■

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La présidente du FN subit « un trou d’air », a-t-elle reconnu jeudi.

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