Les opposants pas très menaçants de Poutine
Les apparences sont trompeuses, Poutine n’est pas le seul candidat à la présidentielle
Avec près de 70 % d’intentions de vote, Vladimir Poutine semble bien parti pour emporter, dès le premier tour dimanche, l’élection présidentielle russe, et ainsi rempiler pour un quatrième mandat. Il a pourtant en face de lui sept concurrents, tous autorisés par le Kremlin, et plus ou moins factices. 20 Minutes revient sur le profil des trois principaux.
> Ksenia Sobtchak, 36 ans, société civile, 1-2 % d’intentions de vote. En l’absence d’Alexeï Navalny – avocatblogueur dont la candidature a été rejetée par la Commission électorale – l’exjet-setteuse et ex-animatrice télé représente l’opposition la plus crédible à Vladimir Poutine, quoique des soupçons de candidature téléguidée par le Kremlin pèsent sur elle. Ksenia Sobtchak est en effet la fille d’Anatoli Sobtchak, ex-maire de Saint-Pétersbourg et mentor de Poutine. « Contrairement à l’image donnée d’elle, c’est quelqu’un d’intelligent et de sérieux (…). Il ne faut pas la sous-estimer, bien que son heure ne soit pas pour le 18 mars », estime le directeur de l’Observatoire francorusse, Arnaud Dubien. Politologue au Centre des technologies politiques de Moscou, Tatiana Stanovaya souligne qu’elle a su investir le créneau « libéral, progressiste, pro-droits de l’homme et en faveur de la liberté d’expression ». > Pavel Groudinine, 57 ans, Parti communiste, 5-10 % d’intentions de vote. Ancien du parti de Poutine, Pavel Groudinine est désormais un candidat « vaguement communiste » tout en étant à la tête d’un empire agro-industriel « capitaliste », décrit Arnaud Dubien. En l’occurrence, le Sovkhoze Lénine, ex-ferme d’Etat spécialisée dans les fruits et les produits laitiers, qui lui a rapporté 2,2 millions d’euros sur les six dernières années. « L’idée est de rajeunir l’image du PC russe après Guennadi Ziouganov [le président du parti qui, pour la première fois depuis la fin de l’URSS, ne se présente pas à la présidentielle], et il est plutôt bon à la télévision », ajoute Arnaud Dubien. « Ziouganov avait peur de finir troisième du scrutin. Si Groudinine, remplaçant temporaire, finit troisième, ce sera une catastrophe pour Ziouganov », analyse Tatiana Stanovaya.
> Vladimir Jirinovski, 71 ans, Parti libéral-démocrate, 5-10 % d’intentions de vote. L’inoxydable trublion d’extrême droite enchaîne sa sixième candidature à une présidentielle. « Il joue le même rôle depuis 1991, souligne Tatiana Stanovaya. C’est quelque’un qui attire le vote protestataire et permet de neutraliser le mécontentement. On peut le comparer au Front national en France, à la différence que le FN n’est pas téléguidé par l’Elysée. » ■