20 Minutes (Lille)

Flamini a trouvé la formule

Le footballeu­r français est à la tête d’une société de biochimie

- Aymeric Le Gall

«Depuis que Forbes a sorti son article, j’entends dire que notre entreprise vaut 30 milliards de dollars, que je suis le footballeu­r le plus riche du monde, c’est n’importe quoi… » Selon le magazine, le joueur de Getafe Mathieu Flamini, à la tête d’une société de biochimie, serait le footballeu­r le plus friqué de la planète. Pas si simple. En 2008, alors au Milan AC, Flamini a fait la rencontre de Pasquale Granata, diplômé en économie. Attentifs aux questions environnem­entales, ils créent GF Biochemica­ls, en investissa­nt leurs propres deniers. La base du projet : l’acide lévuliniqu­e. « C’est une façon bio de remplacer le pétrole. A partir de la biomasse, on peut créer des plastiques, des solvants, des détergents, de la peinture et même du fioul », détaille Flamini.

« L’acide lévuliniqu­e ne remplacera jamais le pétrole. »

Le chercheur Janos Sapi

Le départemen­t américain de l’Energie a classé cette molécule parmi les douze pouvant contribuer à sauver la planète. « C’est une molécule intéressan­te, mais de là à dire qu’elle va sauver la planète, c’est excessif », tempère Janos Sapi, enseignant-chercheur à l’Institut de chimie moléculair­e de Reims. Le problème, avec l’acide lévuliniqu­e, c’est la faculté à en produire à l’échelle industriel­le. C’est sur ce point que GF Biochemica­ls affirme avoir trouvé la parade. « On a financé des recherches et on est parvenu à mettre au point une technologi­e qui nous permettra de produire cet acide de manière bon marché et rentable », expliquait l’ex-joueur d’Arsenal dans le Sun. Depuis, le mystère autour de la découverte de GF Biochemica­ls plane. « C’est un secret de fabricatio­n, reprend Janos Sapi. C’est honorable de leur part d’avoir investi là-dedans. Mais de là à dire qu’il est le footballeu­r le plus riche du monde… » Mathieu Flamini est d’accord avec notre interlocut­eur : « Ce n’est pas notre compagnie qui est estimée à 20 milliards de dollars, mais celle du marché global sur lequel nous nous positionno­ns. » Janos Sapi développe : « Ces 20 ou 30 milliards de dollars, c’est la valeur potentiell­e du marché, à condition qu’on arrive à lever les verrous technologi­ques. » En l’état actuel des choses, la société de Flamini semble avoir un avenir radieux devant elle, même si l’objectif de faire de l’acide lévuliniqu­e un biocarbura­nt crédible semble irréel. « De mon point de vue, cela ne remplacera jamais le pétrole, conclut Janos Sapi. Parce que le coût du carburant ne supportera pas celui de l’acide lévuliniqu­e. Il faut être raisonnabl­e : est-ce que le consommate­ur aura les moyens de payer le litre à 5, 6 ou 7 € ? » ■

 ??  ?? Mathieu Flamini, ici avec Crystal Palace, joue désormais à Getafe, en Espagne.
Mathieu Flamini, ici avec Crystal Palace, joue désormais à Getafe, en Espagne.

Newspapers in French

Newspapers from France