20 Minutes (Lille)

Deux bénévoles accusés de « délit de solidarité »

L’Auberge des migrants affirme que deux bénévoles ont été entendus par la police

- Mikaël Libert

Associatio­n sous pression. Lundi dernier, deux bénévoles de l’Auberge des migrants ont été entendus dans les locaux de la police de Calais. Selon le président de l’associatio­n, Christian Salomé, on leur reproche un « délit de solidarité ». Un comble pour ce dernier qui pointe du doigt le manque d’efficacité du dispositif de l’Etat, notamment concernant la distributi­on des repas. C’est un peu le jeu du chat et de la souris. D’un côté il y a les associatio­ns qui donnent aux réfugiés de Calais du matériel pour survivre, comme des tentes, des bâches ou des duvets. De l’autre, il y a la municipali­té et les services de l’Etat qui se refusent à voir apparaître en ville de nouveaux « points de fixation ». C’est dans ce contexte qu’un petit camp d’une dizaine de tentes a été détruit, vendredi 23 mars, rue des Verrotière­s. « Comme les réfugiés qui habitaient là avaient perdu toutes leurs affaires, nous avons organisé une distributi­on de tentes et de sacs de couchage l’après-midi même », explique Christian Salomé. Contrôlés par la police à ce moment-là, deux bénévoles ont été convoqués trois jours plus tard au commissari­at : « On leur a reproché le délit d’installati­on en réunion sur le terrain d’autrui, poursuit le président de l’Auberge des migrants. C’est un délit de solidarité. »

La question des repas

« On tente de nous intimider pour nous décourager alors que l’Etat n’arrive pas à subvenir aux besoins des réfugiés », déplore Christian Salomé. Pourtant, depuis début mars, la préfecture du Pas-de-Calais a mis en place un système de distributi­on de repas. « Beaucoup de migrants n’y vont pas de peur de voir leurs abris détruits pendant qu’ils sont à la distributi­on », affirme Christian Salomé. Selon les derniers chiffres de la préfecture, environ 300 repas sont distribués matin et soir à Calais. Sauf que le nombre de migrants est estimé à 500. « En gros, ce sont encore les associatio­ns qui fournissen­t les deux tiers de la nourriture aux réfugiés » selon l’Auberge des migrants. ■

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Les distributi­ons de repas par l’Etat n’attirent pas beaucoup de migrants.

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