Deux bénévoles accusés de « délit de solidarité »
L’Auberge des migrants affirme que deux bénévoles ont été entendus par la police
Association sous pression. Lundi dernier, deux bénévoles de l’Auberge des migrants ont été entendus dans les locaux de la police de Calais. Selon le président de l’association, Christian Salomé, on leur reproche un « délit de solidarité ». Un comble pour ce dernier qui pointe du doigt le manque d’efficacité du dispositif de l’Etat, notamment concernant la distribution des repas. C’est un peu le jeu du chat et de la souris. D’un côté il y a les associations qui donnent aux réfugiés de Calais du matériel pour survivre, comme des tentes, des bâches ou des duvets. De l’autre, il y a la municipalité et les services de l’Etat qui se refusent à voir apparaître en ville de nouveaux « points de fixation ». C’est dans ce contexte qu’un petit camp d’une dizaine de tentes a été détruit, vendredi 23 mars, rue des Verrotières. « Comme les réfugiés qui habitaient là avaient perdu toutes leurs affaires, nous avons organisé une distribution de tentes et de sacs de couchage l’après-midi même », explique Christian Salomé. Contrôlés par la police à ce moment-là, deux bénévoles ont été convoqués trois jours plus tard au commissariat : « On leur a reproché le délit d’installation en réunion sur le terrain d’autrui, poursuit le président de l’Auberge des migrants. C’est un délit de solidarité. »
La question des repas
« On tente de nous intimider pour nous décourager alors que l’Etat n’arrive pas à subvenir aux besoins des réfugiés », déplore Christian Salomé. Pourtant, depuis début mars, la préfecture du Pas-de-Calais a mis en place un système de distribution de repas. « Beaucoup de migrants n’y vont pas de peur de voir leurs abris détruits pendant qu’ils sont à la distribution », affirme Christian Salomé. Selon les derniers chiffres de la préfecture, environ 300 repas sont distribués matin et soir à Calais. Sauf que le nombre de migrants est estimé à 500. « En gros, ce sont encore les associations qui fournissent les deux tiers de la nourriture aux réfugiés » selon l’Auberge des migrants. ■