20 Minutes (Lille)

L’amère pilule des expertises

Les victimes de médicament­s paient souvent le prix fort pour défier les laboratoir­es. Une pneumologu­e et un avocat interpelle­nt à ce sujet la ministre de la Santé Agnès Buzyn.

- Oihana Gabriel et Vincent Vantighem

Le jour où un juge l’a autorisée à attaquer le laboratoir­e Bayer, Marielle Klein a d’abord pensé à abandonner le combat... « Il a ordonné la nomination d’un expert pour établir mon préjudice, mais a expliqué que c’était à moi de le payer », se souvient la maman de cinq enfants qui a alerté sur le scandale des implants contracept­ifs Essure. L’expert-gynécologu­e réclamait plus de 3 000 € pour rédiger son rapport et Marielle Klein n’avait pas « 20 € sur [son] compte ». Elle a donc fini par accepter le « principe humiliant » d’une cagnotte lancée par ses amies pour payer l’examen médical dont elle attend, un an après, toujours les résultats. La quadragéna­ire est convaincue que ses ennuis de santé – sinusites, palpitatio­ns, paralysie temporaire – sont des effets secondaire­s de l’implant Essure qu’on lui a posé en 2012. Mais elle sait que la justice ne condamnera pas le laboratoir­e Bayer à l’indemniser avant que sa souffrance ne soit établie par cet expert (lire ci-contre). Système contraigna­nt, laboratoir­es surpuissan­ts et malades démunis... Charles Joseph-Oudin n’en peut plus d’entendre toujours la même histoire racontée par les victimes des scandales des médicament­s (Dépakine, Essure...) qu’il défend dans son cabinet d’avocat. Avec Irène Frachon, la pneumologu­e qui a alerté sur les dangers du Mediator, il lance, dans les colonnes de 20 Minutes, un appel à Agnès Buzyn, la ministre de la Santé, pour réformer le système, simplifier et raccourcir les procédures. En somme, pour aider ceux qui sont « malades d’avoir eu le malheur de se soigner un jour ».

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