L’amère pilule des expertises
Les victimes de médicaments paient souvent le prix fort pour défier les laboratoires. Une pneumologue et un avocat interpellent à ce sujet la ministre de la Santé Agnès Buzyn.
Le jour où un juge l’a autorisée à attaquer le laboratoire Bayer, Marielle Klein a d’abord pensé à abandonner le combat... « Il a ordonné la nomination d’un expert pour établir mon préjudice, mais a expliqué que c’était à moi de le payer », se souvient la maman de cinq enfants qui a alerté sur le scandale des implants contraceptifs Essure. L’expert-gynécologue réclamait plus de 3 000 € pour rédiger son rapport et Marielle Klein n’avait pas « 20 € sur [son] compte ». Elle a donc fini par accepter le « principe humiliant » d’une cagnotte lancée par ses amies pour payer l’examen médical dont elle attend, un an après, toujours les résultats. La quadragénaire est convaincue que ses ennuis de santé – sinusites, palpitations, paralysie temporaire – sont des effets secondaires de l’implant Essure qu’on lui a posé en 2012. Mais elle sait que la justice ne condamnera pas le laboratoire Bayer à l’indemniser avant que sa souffrance ne soit établie par cet expert (lire ci-contre). Système contraignant, laboratoires surpuissants et malades démunis... Charles Joseph-Oudin n’en peut plus d’entendre toujours la même histoire racontée par les victimes des scandales des médicaments (Dépakine, Essure...) qu’il défend dans son cabinet d’avocat. Avec Irène Frachon, la pneumologue qui a alerté sur les dangers du Mediator, il lance, dans les colonnes de 20 Minutes, un appel à Agnès Buzyn, la ministre de la Santé, pour réformer le système, simplifier et raccourcir les procédures. En somme, pour aider ceux qui sont « malades d’avoir eu le malheur de se soigner un jour ».