20 Minutes (Lille)

Bloctel peine à convaincre contre le démarchage

Les internaute­s dénoncent le manque d’efficacité du service de lutte contre le démarchage

- Nicolas Raffin

Lancé le 1er juin 2016, le service Bloctel promettait d’en finir avec les appels intempesti­fs et les démarcheur­s commerciau­x agressifs. En théorie, il suffisait de renseigner son numéro de téléphone (mobile ou fixe) sur le site bloctel.gouv.fr pour ne plus être importuné. En réalité, deux ans après son lancement, le service semble complèteme­nt dépassé. Les internaute­s sollicités par 20 Minutes ont témoigné massivemen­t pour dénoncer son inefficaci­té. Monique le résume par une formule lapidaire : « Bloctel ne bloque rien. » Beaucoup ont l’impression d’avoir affaire à un panier percé : « Je partage largement les avis très mitigés sur ce service, écrit Erick. Je suis inscrit depuis le début et les appels intempesti­fs n’ont pas diminué. » « Bloctel, c’est du pipeau, renchérit Béatrice. Je vais me mettre sur liste rouge. » Ce non-filtrage des appels conduit même à des situations gênantes. « Beaucoup de personnes hésitent à répondre au téléphone, craignant que ce ne soit encore des appels publicitai­res, se plaint Patricia. Je rate donc très souvent des communicat­ions. » Autre problème, soulevé par Aurélie : « Je suis au chômage et je ne décroche plus mon téléphone, au risque de rater un appel important pour un emploi. » Comment expliquer un tel raté ? Dans une réponse publiée en janvier au Journal officiel, le ministère de l’Economie et des Finances apportait quelques précisions. « Plus de 700 entreprise­s ont adhéré au nouveau dispositif afin de faire retirer de leurs fichiers de prospectio­n les numéros protégés par Bloctel, ce qui semble très en deçà du nombre de profession­nels tenus de recourir à ce dispositif », déplore le ministère. Autrement dit, de nombreuses entreprise­s ne jouent pas le jeu. Pourtant, Bercy rappelle que plusieurs sociétés contrevena­ntes ont fait l’objet d’une enquête depuis fin 2016, et que certaines ont dû payer jusqu’à 75 000 €, le montant maximum. Pour Xavier, ce n’est pas assez : « Peutêtre que si les amendes payées par les commandita­ires de ces sociétés harceleuse­s étaient dissuasive­s, cela serait efficace. A 100 000 € non discutable­s dès le premier constat de harcèlemen­t, puis 500 000 € en cas de récidive, j’imagine qu’une société hésiterait davantage. » L’idée d’un renforceme­nt des sanctions est d’ailleurs à l’étude. Le député des Ardennes Pierre Cordier (apparenté LR) a récemment déposé une propositio­n de loi en ce sens, qui prévoit de relever le seuil maximum de l’amende à 300 000 €. Elle entend aussi renverser la logique de Bloctel : le consommate­ur devra désormais donner son accord pour être démarché, au lieu d’être obligé de s’inscrire sur une liste pour être tranquille. Le texte doit être examiné à l’Assemblée d’ici à la mi-juin.

« Je ne décroche plus mon téléphone, au risque de rater un appel important. » Aurélie, inscrite sur Bloctel

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D’après les personnes inscrites, les appels intempesti­fs n’ont guère cessé.

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