20 Minutes (Lille)

Un nouveau centre pour toxicomane­s fait débat

Les voisins du futur centre ont peur d’une augmentati­on de l’insécurité

- Mikaël Libert

Véritable problème ou peur de l’inconnu ? Des habitants du quartier prioritair­e du Blanc-Riez, à Wattignies, près de Lille, se sont constitués en collectif pour lutter contre le projet d’implantati­on d’un Centre d’accueil et d’accompagne­ment à la réduction des risques des usagers de drogues (Caarud). Le directeur de la structure, lui, estime « qu’ils se trompent de colère ». Installé depuis 1994 à Faches-Thumesnil, le Conseil intercommu­nal de prévention de la délinquanc­e (CIPD) doit déménager depuis que la commune a quitté le dispositif, fin 2015. En 2017, le maire de Wattignies a proposé à la structure de s’installer dans les locaux de l’ancienne école maternelle Apollinair­e, dans le quartier du Blanc-Riez. « Nous n’avons rien contre le CIPD et son travail de prévention, au contraire, insiste Karim Choukhi, porte-parole du collectif de riverains. C’est le Caarud qui nous pose problème. » « Les personnes qui fréquenten­t le centre sont fragiles, cela risque d’apporter des difficulté­s supplément­aires dans un quartier qui n’a pas besoin de ça. Cela va aussi accentuer le trafic de drogue et on risque de retrouver du matériel d’injection usagé dehors », affirme le collectif. Pourtant, d’après la police, le Blanc-Riez n’est pas spécialeme­nt connu pour des problèmes liés aux stupéfiant­s. « Les habitants se trompent de colère. Nous sommes à Faches depuis vingt-quatre ans et nous n’avons jamais eu de problème », se désole Benoît Tryoen, directeur du

Caarud Oxygène. « Ici, nous traitons de toutes les addictions. Ce n’est pas la drogue mais l’alcool qui fait le plus de ravages dans la région. C’est un sujet complexe de santé publique », soutient-il. Mais les habitants n’en démordent pas : « Pourquoi ne pas l’implanter près d’un hôpital, comme cela se fait ailleurs ? », s’interroge Karim Choukhi. « Ce n’est pas tant le lieu qui pose problème que la méconnaiss­ance de nos actions, rétorque Benoît Tryoen. Les toxicomane­s ne sont pas tous des délinquant­s. » Du côté de la mairie de Wattignies, la décision est mise en attente jusqu’à la fin du mois de juin. Pendant ce temps, les deux pétitions du collectif accumulent les signatures, plus de 1 300 à ce jour.

« Les toxicomane­s ne sont pas tous des délinquant­s. » Benoît Tryoen, directeur du Caarud Oxygène

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Le Caarud distribue des kits stériles pour les usagers de drogues.

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