Un nouveau centre pour toxicomanes fait débat
Les voisins du futur centre ont peur d’une augmentation de l’insécurité
Véritable problème ou peur de l’inconnu ? Des habitants du quartier prioritaire du Blanc-Riez, à Wattignies, près de Lille, se sont constitués en collectif pour lutter contre le projet d’implantation d’un Centre d’accueil et d’accompagnement à la réduction des risques des usagers de drogues (Caarud). Le directeur de la structure, lui, estime « qu’ils se trompent de colère ». Installé depuis 1994 à Faches-Thumesnil, le Conseil intercommunal de prévention de la délinquance (CIPD) doit déménager depuis que la commune a quitté le dispositif, fin 2015. En 2017, le maire de Wattignies a proposé à la structure de s’installer dans les locaux de l’ancienne école maternelle Apollinaire, dans le quartier du Blanc-Riez. « Nous n’avons rien contre le CIPD et son travail de prévention, au contraire, insiste Karim Choukhi, porte-parole du collectif de riverains. C’est le Caarud qui nous pose problème. » « Les personnes qui fréquentent le centre sont fragiles, cela risque d’apporter des difficultés supplémentaires dans un quartier qui n’a pas besoin de ça. Cela va aussi accentuer le trafic de drogue et on risque de retrouver du matériel d’injection usagé dehors », affirme le collectif. Pourtant, d’après la police, le Blanc-Riez n’est pas spécialement connu pour des problèmes liés aux stupéfiants. « Les habitants se trompent de colère. Nous sommes à Faches depuis vingt-quatre ans et nous n’avons jamais eu de problème », se désole Benoît Tryoen, directeur du
Caarud Oxygène. « Ici, nous traitons de toutes les addictions. Ce n’est pas la drogue mais l’alcool qui fait le plus de ravages dans la région. C’est un sujet complexe de santé publique », soutient-il. Mais les habitants n’en démordent pas : « Pourquoi ne pas l’implanter près d’un hôpital, comme cela se fait ailleurs ? », s’interroge Karim Choukhi. « Ce n’est pas tant le lieu qui pose problème que la méconnaissance de nos actions, rétorque Benoît Tryoen. Les toxicomanes ne sont pas tous des délinquants. » Du côté de la mairie de Wattignies, la décision est mise en attente jusqu’à la fin du mois de juin. Pendant ce temps, les deux pétitions du collectif accumulent les signatures, plus de 1 300 à ce jour.
« Les toxicomanes ne sont pas tous des délinquants. » Benoît Tryoen, directeur du Caarud Oxygène