Les rumeurs, pires adversaires de l’Argentine
L’Albiceleste, au bord du gouffre, est secouée par beaucoup de rumeurs
Le maire de Bronnitsy, ville de la campagne moscovite, avec sa plage et sa sélection argentine hébergée le long de la rivière, s’est démené pour organiser une fête d’anniversaire à Lionel Messi, 31 ans dimanche. Une louable initiative qui ne pouvait pas plus mal tomber. D’après ce qu’on lit à droite et à gauche, Messi vit reclus dans l’hôtel et ne parle à personne, hormis à son copain de chambrée Agüero et
« La relation avec l’entraîneur est normale. » Javier Mascheranoà sa femme. Encore que circulent des rumeurs, peu vérifiables, sur une relation légèrement distante entre Lionel et Antonella, qui n’arrivera que mardi, pour le match contre le Nigeria, décisif pour la qualification. Il faut dire que les rumeurs courent par dizaines depuis la déroute de l’Albiceleste contre la Croatie (3-0) : des conversations WhatsApp – notamment de Diego Simeone – qui se retrouvent dans les médias, un entraîneur qui assure qu’une bagarre a éclaté entre Mascherano et Pavon, un quarteron de joueurs – emmenés par Messi et Mascherano – qui auraient décidé de mettre le sélectionneur Sampaoli de côté… Tout ça pour la seule journée de samedi. Autant dire que, dimanche à l’entraînement, les faits et gestes de Sampaoli ont été impitoyablement scrutés. Et la bise furtive du sélectionneur à Messi, pour l’anniversaire du n° 10, a été célébrée comme si Roosevelt et Staline avaient signé les accords de Yalta sous nos yeux. Un instant de répit avant la leçon gênante de patriotisme de Claudio Tapia, le président de la fédération, à l’adresse de nos confrères argentins : «Certains d’entre vous ont fait trois, quatre ou cinq Coupes du monde, grâce à eux [les joueurs]. Aujourd’hui, vous avez l’opportunité de montrer que vous êtes argentins en disant la vérité. Je vous demande de soutenir les joueurs pour les aider à obtenir la qualification, mardi. »
Plus malin que son président, Mascherano a pris une hauteur bienvenue. Oui, les joueurs ont eu une réunion avec le sélectionneur pour discuter des problèmes tactiques de l’équipe. Mais, non, ils n’ont pas demandé sa tête. « Je ne sais pas pourquoi les gens pensent que cette génération dirige à la place du sélectionneur, a assuré l’ex-défenseur du Barça. La relation avec l’entraîneur est normale. Les premiers responsables, ce sont les joueurs. L’entraîneur ne fait que nous donner les outils.» Il semblerait, donc, que Sampaoli confonde la scie sauteuse avec le marteau. Mais, à ce niveau d’urgence, Mascherano veut faire passer l’idée qu’il n’y a plus que les joueurs pour trouver la solution. « Il faut que tout le monde dise ce qu’il a à dire pour contribuer à inverser la situation. » Il en va de la survie de l’Argentine dans ce Mondial.