Même pas peur !
Halloween Dans les parcs d’attractions et les livres, les petits sont ravis de prétendre avoir la trouille
Zombies, vampires et sorcières effraient de moins en moins les enfants. Le cinéma et les parcs d’attraction ont démythifié ces créatures d’épouvante.
Depuis deux ans, le parc d’attractions de La Mer de sable exploite le filon de Halloween durant la Toussaint. « Tous les autres parcs le faisaient déjà avant nous, explique Hervé Lux, directeur du parc. On a hésité parce que notre public est plus jeune, mais finalement c’est une réussite. » Outre des décors à base de citrouilles et toiles d’araignée, les spectacles mettent en scène des morts-vivants. C’est la même chose au Parc Astérix et à Disneyland. A la télévision aussi, Halloween est l’occasion de programmer des films d’épouvante. Gulli a ainsi une grille spéciale intitulée « C’est le moment d’avoir la trouille. » Sauf que, précisément, les enfants n’ont pas la trouille.
« Le succès de “The Walking Dead” a démocratisé le zombie, jusque dans les livres jeunesse », explique Audrey Latallerie, éditrice de Little Urban. « Il y a eu une évolution, dans l’animation par exemple, qui a permis aux enfants d’avoir moins peur, parce qu’ils se sont habitués à certains monstres », abonde Béatrice Delcroix, fondatrice des éditions Saltimbanque. Et cette peur est essentielle, salvatrice. « On joue avec la peur pour mieux la maîtriser, explique-t-elle. Ce n’est pas neuf. C’est un ressort bien connu des auteurs et des psychologues. Les livres qui font peur aident les enfants à digérer leurs émotions, à grandir. » Plutôt que des enfants qui se seraient endurcis, Audrey Latallerie déplore des monstres qui se sont
assagis : « L’illustration pour enfants est de plus en plus lisse. On ne voit plus de loups qui font vraiment peur. Les monstres sont presque toujours graphiquement très, voire trop, sympathiques. Heureusement il nous reste le croque-mitaine pour coller encore de bonnes frousses aux enfants (rires). »
Béatrice Delcroix déplore aussi une certaine frilosité : « Nous préparons un livre sur les monstres de la mythologie, de Polyphème à Dark Vador. On l’a présenté dans un salon professionnel et les acheteurs nous ont dit que le livre faisait trop peur, que les gens ne l’achèteraient pas pour leurs enfants… Mais tout est question de projet éditorial. Ça veut dire quoi avoir “trop” peur ? »
« On joue avec la peur pour mieux la maîtriser »
Béatrice Delcroix, éditrice pour la jeunesse