Les pompiers luttent contre les risques liés à la fumée
Santé Des pompiers du Nord portent plainte contre X pour dénoncer les risques liés aux fumées d’incendie dans leur profession
Jeudi, le syndicat CGT des pompiers du Nord a déposé une plainte contre X pour « mise en danger de la vie d’autrui ». Par cette action en justice, ils entendent faire avancer la prise en compte des risques liés à l’inhalation des fumées d’incendie à l’origine, selon un rapport, d’une surmortalité au sein de leur profession.
> Les raisons de la colère. Un rapport de la Caisse nationale des retraites des agents de collectivités locales (CNRACL), publié en mars 2017, évoque une « surmortalité modérée pour certains types de cancers ». Ce rapport cite des études permettant de lier certaines pathologies à l’exposition des pompiers aux fumées contenant, entre autres, des particules d’amiante ou de plomb. « Chacun de nous connaît au moins un collègue mort d’un cancer à peine arrivé à la retraite », constate David Mirland, membre de la CGT. « Les anciens, on les enterre entre cinq et sept ans après leur départ », estime Quentin de Veylder, pompier lui aussi. > Une plainte pour alerter. « C’est un dossier complexe, similaire à celui de l’amiante, explique maître Philippe De Castro, l’avocat des pompiers. Le plus gros problème étant le délai entre l’exposition aux substances toxiques et la déclaration de la maladie », poursuit-il, précisant que son cabinet avait déjà réussi à faire indemniser auprès du Fonds d’indemnisation des victimes de l’amiante (Fiva) des pompiers atteints de cancers. Mais l’avocat prévient que la procédure risque d’être très longue. Une réalité dont sont conscients les plaignants : « Nous faisons aussi cela pour alerter. Cela va peut-être inciter les langues à se délier », espère Quentin de Veylder. > Les revendications. Les pompiers réclament des attestations d’exposition aux substances nocives : « Cela implique un suivi post-professionnel pour surveiller qu’il n’y ait pas de maladie qui se déclare », précise l’avocat. Mais la reconnaissance de ces cancers en tant que maladies professionnelles n’est pas leur priorité : « Nous voulons, par exemple, des camions de décontamination pour nettoyer les tenues après les interventions, et éviter de rapporter des particules cancérigènes chez nous », revendiquent les membres de la CGT.
> Les réponses du département. Jean-René Lecerf, président du SDIS du Nord, comprend leur inquiétude : « Je ne relativise pas, mais l’incendie ne représente que 8 % des interventions. Sur les 43 recommandations du rapport sur les risques liés aux fumées, nous en avons mis en place 22 et d’autres arrivent », assure-t-il. « On nous a proposé des brosses et des lingettes », ironise un syndicaliste. « Pour les camions de décontamination, j’attends le feu vert de l’Etat », rétorque le président du SDIS.