20 Minutes (Lille)

Les pompiers luttent contre les risques liés à la fumée

Santé Des pompiers du Nord portent plainte contre X pour dénoncer les risques liés aux fumées d’incendie dans leur profession

- Mikaël Libert

Jeudi, le syndicat CGT des pompiers du Nord a déposé une plainte contre X pour « mise en danger de la vie d’autrui ». Par cette action en justice, ils entendent faire avancer la prise en compte des risques liés à l’inhalation des fumées d’incendie à l’origine, selon un rapport, d’une surmortali­té au sein de leur profession.

> Les raisons de la colère. Un rapport de la Caisse nationale des retraites des agents de collectivi­tés locales (CNRACL), publié en mars 2017, évoque une « surmortali­té modérée pour certains types de cancers ». Ce rapport cite des études permettant de lier certaines pathologie­s à l’exposition des pompiers aux fumées contenant, entre autres, des particules d’amiante ou de plomb. « Chacun de nous connaît au moins un collègue mort d’un cancer à peine arrivé à la retraite », constate David Mirland, membre de la CGT. « Les anciens, on les enterre entre cinq et sept ans après leur départ », estime Quentin de Veylder, pompier lui aussi. > Une plainte pour alerter. « C’est un dossier complexe, similaire à celui de l’amiante, explique maître Philippe De Castro, l’avocat des pompiers. Le plus gros problème étant le délai entre l’exposition aux substances toxiques et la déclaratio­n de la maladie », poursuit-il, précisant que son cabinet avait déjà réussi à faire indemniser auprès du Fonds d’indemnisat­ion des victimes de l’amiante (Fiva) des pompiers atteints de cancers. Mais l’avocat prévient que la procédure risque d’être très longue. Une réalité dont sont conscients les plaignants : « Nous faisons aussi cela pour alerter. Cela va peut-être inciter les langues à se délier », espère Quentin de Veylder. > Les revendicat­ions. Les pompiers réclament des attestatio­ns d’exposition aux substances nocives : « Cela implique un suivi post-profession­nel pour surveiller qu’il n’y ait pas de maladie qui se déclare », précise l’avocat. Mais la reconnaiss­ance de ces cancers en tant que maladies profession­nelles n’est pas leur priorité : « Nous voulons, par exemple, des camions de décontamin­ation pour nettoyer les tenues après les interventi­ons, et éviter de rapporter des particules cancérigèn­es chez nous », revendique­nt les membres de la CGT.

> Les réponses du départemen­t. Jean-René Lecerf, président du SDIS du Nord, comprend leur inquiétude : « Je ne relativise pas, mais l’incendie ne représente que 8 % des interventi­ons. Sur les 43 recommanda­tions du rapport sur les risques liés aux fumées, nous en avons mis en place 22 et d’autres arrivent », assure-t-il. « On nous a proposé des brosses et des lingettes », ironise un syndicalis­te. « Pour les camions de décontamin­ation, j’attends le feu vert de l’Etat », rétorque le président du SDIS.

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Les syndicalis­tes de la CGT des pompiers du Nord devant le tribunal de Lille.

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