20 Minutes (Lille)

Un an après, les effets du plan restent timides

Banlieues Les mesures pour résorber les inégalités n’ont pas toutes été concrétisé­es

- Laure Cometti

Quand on leur reparle du 22 mai, beaucoup de maires grimacent ou lèvent les yeux au ciel. Ce jour-là, Emmanuel Macron prononçait un long discours sur les banlieues sous le slogan « Une chance pour chacun ». Ce qui avait choqué les édiles? Le ton et l’affront présidenti­el fait à JeanLouis Borloo, dont le rapport avait été enterré pour dévoiler un bouquet de mesures « décousues », selon Sylvine Thomassin, maire PS de Bondy (SeineSaint-Denis). A défaut de proposer un plan chiffré et de reprendre les 19 propositio­ns de l’ex-ministre et maire de Valencienn­es, le chef de l’Etat avait préféré expliquer sa « méthode » et présenter plusieurs mesures : la création d’une «cour d’équité territoria­le», la mise en place de 30000 places en crèche dans les quartiers prioritair­es, un plan de lutte contre le trafic de drogues d’ici juillet et une promesse de 30 000 stages de 3e pour les élèves des banlieues. Ces annonces ont-elles été suivies d’effets? La réponse varie en fonction des territoire­s.

« C’était de la com »

A Bondy, «on n’a rien vu arriver. C’était de la simple com», déplore Sylvine Thomassin. Nous avons perdu 30 agents de police, le commissari­at manque de matériel, les délais de la justice sont plus longs que dans la capitale, etc. » L’édile dénonce une inégalité entre Paris et sa ville « de l’autre côté du périph» sur les fonctions régalienne­s. «Tout ça nuit à la confiance de nos concitoyen­s dans l’Etat », tranche-t-elle. En matière d’éducation, elle loue le dédoubleme­nt des classes de CP et CE1 dans les écoles prioritair­es, mais avoue ne pas avoir les moyens de construire les 70 salles de classe nécessaire­s, avec une dotation politique de la ville réduite de moitié.

Le député macroniste Saïd Ahamada (Bouches-du-Rhône) reconnaît certains retards. « On avait des relations peu fluides avec le prédécent gouverneme­nt, mais, depuis le remaniemen­t, les liens sont beaucoup plus étroits et on avance», se félicite-t-il cependant. Concrèteme­nt, le plan antidrogue n’a pas vu le jour. La plateforme de stages de 3e a été créée, mais il s’agit d’un site centralisa­nt des initiative­s associativ­es locales. Quant aux 30000 places de crèche supplément­aires, elles ont été inscrites dans les objectifs 20182022 de la Caisse nationale des allocation­s familiales (Cnaf) en juillet, mais il n’est pas garanti que les moyens budgétaire­s suivent.

« Les cités éducatives vont être expériment­ées dès la rentrée et le dédoubleme­nt des classes continue», défend Saïd Ahamada. L’instance «d’équité territoria­le», chargée d’évaluer l’efficacité des politiques publiques en fonction des territoire­s, est toujours en phase de conception chez l’exécutif. A Grigny (Essonne), en revanche, « les choses avancent», se réjouit le maire PCF Philippe Rio, qui cite le lancement des cités éducatives et le plan «initiative copropriét­és» pour lutter contre les ensembles immobilier­s dégradés. Des avancées qui n’effacent pas le souvenir du 22 mai. «Je ne comprends toujours pas ce discours, qui reste un non-sens et un échec», confie-t-il.

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Le 22 mai, Emmanuel Macron présentait ses mesurespou­r les banlieues.

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