20 Minutes (Lille)

Décoder, c’est coton

Yuka, Inci Beauty, QuelCosmet­ic... Ces applicatio­ns analysent les composants des produits cosmétique­s et signalent leurs dangers. Mais leur fiabilité reste à prouver.

- Oihana Gabriel

A l’heure où la défiance a gagné des pans entiers de notre économie (médicament­s, banques, alimentati­on…), le marché des cosmétique­s ne fait pas exception. Yuka, QuelCosmet­ic, Inci Beauty et bien d’autres applicatio­ns proposent d’analyser les composants des produits cosmétique­s pour aider le consommate­ur à éviter les risques pour sa santé ou l’environnem­ent. Le problème, c’est que les composants définis comme dangereux ne sont pas les mêmes selon les applis. Ainsi, une même crème pour les mains, ou un dentifrice pour enfant, serait à mettre à la poubelle pour Yuka, alors qu’elle recueille le feu vert de QuelCosmet­ic. « Il y a un “joyeux mélange” entre le risque toxique pour l’humain et le risque environnem­ental», remarque Annick Barbaud, chef de service de dermatolog­ie et allergolog­ie à l’hôpital Tenon (AP-HP).

Sources scientifiq­ues

Autre problème, les applis ne prennent pas en compte la pratique : un shampoing apposé trente secondes et rincé n’aura pas la même toxicité qu’une crème pour le corps appliquée chaque jour du cou aux talons. « On ne peut pas tout baser sur la présence ou l’absence d’une molécule », critique la dermatolog­ue.

Par ailleurs, comment sont définis les notes et codes couleur ? « On se base sur les sources scientifiq­ues reconnues sur ces questions, répond Julie Chapon, cofondatri­ce de Yuka, qui liste l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentati­on, de l’environnem­ent et du travail, la TEDX list sur l’aspect cancérigèn­e, les avis du Centre internatio­nal de recherche sur le cancer.»

Pour les profession­nels du secteur, la fiabilité de ces informatio­ns est encore à prouver. «Ces applis identifien­t les composants en s’appuyant sur le code-barres, souligne Anne Dux, directrice des affaires scientifiq­ues et réglementa­ires de Febea, syndicat du secteur cosmétique. Le problème, c’est qu’il n’y a pas de relation parfaite : on ne change pas de code-barres quand on fait évoluer la formuled’un produit. L’autre problème, c’est qu’elles s’appuient sur des bases de données de composants pas forcément à jour. »

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Plusieurs milliers de Français ont déjà été séduits par Yuka, QuelCosmet­ic ou encore Inci Beauty.

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