Lille fait la chasse aux spéculateurs
Chaque personne qui souhaite louer un logement via des plateformes en ligne aura l’obligation de s’enregistrer auprès de la mairie
A Lille, dès le 1er janvier 2019, toute personne proposant un logement en location courte durée via des plateformes de type Airbnb aura l’obligation de s’enregistrer auprès de la municipalité. Le but assumé par la ville est de « lutter contre la spéculation immobilière ».
A l’instar de Paris, Lille vient d’adopter un « règlement fixant les conditions de délivrance des autorisations de changement d’usage des locaux d’habitation ». « Ces dernières années, nous avons constaté une augmentation significative du nombre d’annonces proposées sur des plateformes de type Airbnb alors même que nous sommes dans un secteur très tendu au niveau du logement », explique Estelle Rodes, adjointe au maire de Lille.
Ce règlement permet donc à la ville de ne pas autoriser la location touristique de logements qui pourraient servir d’habitation principale. « Nous ne sommes pas dans l’interdiction stricte mais dans une réglementation sectorisée », poursuit l’adjointe. En clair, dans certaines zones en déficit de logements familiaux, il sera très compliqué d’obtenir un statut de location touristique.
Les gros loueurs concernés
Cela ne revient pas pour autant à chasser le Airbnb de certains quartiers : « La mesure ne concerne que les personnes qui louent un logement plus de 120 jours par an et qui, de ce fait, doivent obtenir un changement d’usage », précise Estelle Rodes. « Ce qu’on souhaite empêcher, c’est la rentabilité locative à tout prix », ajoute-t-elle. L’obligation d’enregistrement permettra ainsi à la mairie de savoir qui dépasse les bornes. A condition que les plateformes soumettent la validation d’une annonce à la présence d’un numéro d’enregistrement.
Car, dans les faits, les sites de type Airbnb ne sont pas tenus de rendre des comptes sur le nombre de jours de location annuelle d’un bien. « Dans le cadre d’une expérimentation à Paris, nous bloquons automatiquement la location d’une résidence principale au-delà des 120 jours », explique-t-on chez Airbnb. Et si le géant du secteur se dit « favorable à une réglementation », il émet des réserves au sujet de « la multiplication des démarches ».
« Les géants du Web ont aussi des comptes à rendre », martèle l’élue. « Nous nous devons d’être responsables dans les zones tendues », reconnaît Airbnb.