20 Minutes (Lille)

Maes regrette de « ne pas avoir écouté sa mère »

Musique Après un passage par la case prison, le jeune rappeur de Seine-Saint-Denis sort son premier album, «Pure», ce vendredi

- Clio Weickert

Avant de s’attaquer à un artiste dont on ne connaît pas vraiment la carrière, il est parfois difficile de se détacher de ses a priori. C’est le cas avec Maes dont le premier album, Pure, sort ce vendredi. Sur le papier, le jeune rappeur de Sevran (Seine-Saint-Denis) a tout pour plaire, peut-être trop pour être honnête : des mixtapes prometteus­es, des textes profonds, un tube estival certifié single d’or (« Billets verts »), l’adoubement de Booba, son propre label LDS… Puis vient la rencontre avec l’artiste. Avec un sourire timide aux lèvres et une certaine assurance, Maes se plie aux questions de 20 Minutes. Et fait sauter nos préjugés.

Maes commence à rapper très jeune, à l’âge de 13-14 ans. Il monte un groupe avec deux potes, MSR, s’inspire de rappeurs comme Booba, Rohff, mais aussi du chanteur Corneille, que le jeune homme étudie en classe. A cette époque, le Sevranais envisage le rap comme un loisir, « sans enjeux, juste du kiff ». Maes semble prendre plaisir à se remémorer ses débuts, mais son passage par la case prison est plus difficile à aborder. Sa carrière est mise entre parenthèse­s, dix-huit mois, entre 2016 et 2017. La raison ? « Des bêtises, répond-il vaguement. J’ai perdu du temps et beaucoup de choses là-bas», précise-t-il.

«J’arrive à viser juste»

Ne perdant pas son objectif de vue, Maes vit cet enfermemen­t comme une parenthèse introspect­ive et se met à fond dans l’écriture : « Je prends ça comme si j’étais un joueur de foot blessé. On n’entend pas parler de moi, mais je travaille dans l’ombre (…) Ça m’a donné de l’inspiratio­n. Je me retrouve face à moi-même, je réfléchis, je prends du temps pour chaque texte, même si je suis assez rapide quand j’écris. » Une partie de Pure voit alors le jour là-bas, dont «Mama», un titre dans lequel le rappeur regrette de « ne pas avoir écouté [sa] mère ». « Les mamans te disent toujours qu’il faut rentrer tôt, de ne pas traîner dehors avec les mauvaises personnes, explique-t-il. Maintenant, je suis différent, j’ai grandi et mûri. » Depuis quelques semaines, l’artiste cartonne avec «Madrina», un featuring avec Booba où les deux rappeurs se mettent en scène en dealers de coke à Bogota (où le clip a été tourné). «Je me vois comme un jeune talent, raconte-t-il. Booba est en équipe de France depuis longtemps, il est capitaine, c’est lui qui gère l’équipe. Moi, je viens d’arriver, je suis en Mbappé.» Maes avance doucement, mais sûrement. Peu avant la sortie de Pure, il affiche une décontract­ion à toute épreuve. « C’est un bon stress, comme avant un match, estime le rappeur. Je suis confiant parce que je sais que j’ai travaillé. Ce n’est pas pour m’envoyer des fleurs, mais j’arrive à viser juste. Je kiffe mes sons, et je sais que ça va plaire à beaucoup de gens. »

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Le musicien a écrit une partie de son disque derrière les barreaux.

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