Les célébrités entrent dans la danse

Ils gagnent bien leur vie et ne bloquent pas les ronds-points. Pourtant, Michel Polnareff, Brigitte Bardot, Patrick Sébastien, Franck Dubosc ou encore Arnaud Ducret ont apporté leur soutien via les médias ou les réseaux sociaus aux « gilets jaunes ». Que signifient ces prises de position?

Mariette Darrigrand, sémiologue et auteure de J’te kiffe, je t’aime (Gallimard), souligne que «la diversité des artistes qui soutiennent le mouvement représente la variété des acteurs du mouvement». Quant au fait qu’aucun intellectuel n’en fasse partie, cela « montre la perte d’influence de la culture traditionnelle ».

Parmi les discours de revendication des «gilets jaunes», «on observe deux tensions, précise la sémiologue, celle de la réhabilitation d’un peuple, et celle d’un désir de violence». Sur le plan de cette «réhabilitation», il y a eu des signes culturels avant-coureurs. Par exemple, «Camping est un film populaire annonciateur du populisme à la française en train de s’exprimer». Pas étonnant, donc, de voir des acteurs de la saga (comme Franck Dubosc) apporter leur soutien aux «gilets jaunes». En revanche, le lien est plus difficile à comprendre entre Michel Polnareff, exilé aux Etats-Unis depuis 1973 à la suite d’un conflit avec le fisc français, et les «gilets jaunes». Le soutien affiché de Brigitte Bardot, lui, semble tout naturel à Mariette Darrigrand : «Elle est proche du FN. Elle représente cette partie du mouvement. » Le rappeur Kaaris, lui, a saisi la seconde tension du mouvement, le «désir de se battre physiquement». «Monsieur l’agent je t’enfonce le triangle et le gilet fluo», provoquait le chanteur en gilet jaune, le 17 novembre, sur Instagram.