Les proviseurs dans le flou face aux blocus
Mouvement lycéen Les proviseurs ont du mal à avoir une visibilité sur la mobilisation, admet Philippe Vincent, à la tête de leur syndicat
Que va-t-il se passer ce mardi dans les 4 000 lycées de France ? C’est la question que se posent les proviseurs, le syndicat lycéen UNL-SD ayant appelé les élèves à un « mardi noir » pour protester contre les classes surchargées, la réforme du bac, la sélection à l’entrée de l’université et le service national universel. Philippe Vincent, secrétaire général du Syndicat des personnels de direction de l’Education nationale, explique comment les chefs d’établissement se préparent à toutes les hypothèses.
Selon le ministère de l’Education, 100 à 120 lycées étaient bloqués lundi. C’est deux fois moins que vendredi. Peut-on en déduire que le « mardi noir » promis par l’UNL ne sera pas si noir que ça ?
On ne sait pas à quoi s’attendre. Cela peut être le feu d’artifice final de la mobilisation, ou un moment où elle va prendre de l’ampleur. Car, contrairement aux mouvements habituels, nous n’avons pas d’interlocuteurs, ce qui nous permet d’ordinaire d’anticiper les choses. Les mots d’ordre invitant les lycéens à se mobiliser sont relayés sur les réseaux sociaux, sans que l’on sache forcément d’où ils viennent. Et les blocages sont plus fréquents dans certaines académies, alors que, dans d’autres, il ne se passe rien.
Pourtant, l’UNL se pose en représentant du mouvement…
Oui, mais certains lycéens qui organisent les blocages n’en font pas partie. Par ailleurs, les mots d’ordre de l’UNL sont très fourre-tout, ce qui ne permet pas vraiment le dialogue. Enfin, sur la réforme du lycée, cette organisation a été consultée par le ministère en amont des décisions. On ne voit pas pourquoi elle se rebelle maintenant. Finalement, cela donne l’impression de lycéens qui rejoignent le mouvement des « gilets jaunes », plus qu’un mouvement à part entière.
Craignez-vous des intrusions dans les établissements ?
Certains appels irresponsables sur les réseaux sociaux invitent en effet les manifestants à s’introduire dans des lycées, à mettre le feu aux poubelles… Ce n’est ni plus ni moins qu’une forme de hooliganisme commandée par des jeunes, bien souvent non scolarisés, qui cherchent à en découdre avec les forces de l’ordre.
Certains proviseurs ont-ils décidé de fermer leur établissement ce mardi, comme on a pu le voir vendredi ?
Pour le moment, non.
Redoutez-vous que les images de lycéens de Mantes-la-Jolie mis à genoux incitent certains lycéens à se mobiliser ?
Non. Même si ces images ont été choquantes, beaucoup de lycéens ont compris que, au vu des circonstances, c’était le moyen que les forces de l’ordre avaient trouvé pour ramener le calme et identifier les fauteurs de troubles qui avaient commis des dégradations.