20 Minutes (Lille)

« La prime sera oubliée dès demain »

- Nicolas Raffin

Pour sortir de la crise, le chef de l’Etat a demandé « aux employeurs qui le peuvent de verser une prime de fin d’année» qui sera défiscalis­ée.

« La demande d’augmentati­on des salaires paraît justifiée, puisque nous sommes en période de reprise économique, analyse Grégory Verdugo, professeur d’économie à l’université d’Evry-Val d’Essonne. Pourtant, depuis 2017, la hausse de l’inflation n’a pas été compensée, ce qui pourrait entraîner une perte de pouvoir d’achat en 2018. » D’autres experts rappellent que la fiscalité des entreprise­s a été largement allégée ces dernières années, au détriment des ménages. Mais tous les chefs d’entreprise ne pourront pas fournir l’effort demandé, s’emporte l’un d’entre eux, installé en Aquitaine. « Aujourd’hui, je fais vivre dix personnes. Mais je ne pourrais pas les augmenter du jour au lendemain, sinon je serais dans le rouge : dès que l’on veut verser quelque chose, c’est taxé.» Pour Jean-Paul Charlez, président de l’associatio­n nationale des DRH, cette prime n’aura toutefois aucun effet à long terme : «Elle sera oubliée dès demain. C’est comme verser un arrosoir d’eau dans le désert. » Le gouverneme­nt plaide, lui, pour un «dialogue social» au sein de chaque entreprise. «On a tendance à décentrali­ser les discussion­s sur les salaires et à laisser des marges de manoeuvre à chaque secteur», rappelle Grégory Verdugo. Une négociatio­n qui ne se fait pas toujours à armes égales, admet-il : «Les syndicats sont de moins en moins puissants, ce qui affaiblit le pouvoir de négociatio­n des salariés.» L’Etat, qui se refuse à légiférer sur le sujet, doit pour l’instant se contenter d’aiguiller les entreprise­s.

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