20 Minutes (Lille)

Harcelée après avoir prêté son ordinateur à un homme

Cyberharcè­lement Les malheurs d’Annie* ont débuté lorsqu’elle a prêté son ordinateur à l’homme qu’elle avait rencontré sur Internet

- Propos recueillis par Hélène Sergent * Les prénoms ont été changés.

«Après ma séparation en 2008, mon quotidien se résumait à métro-boulot-dodo, raconte Annie*, victime de cyberharcè­lement. Au bout d’un moment, je voulais retrouver une vie sociale. Je me suis inscrite sur un site de rencontres.

En 2010, je suis entrée en contact avec Laurent*. Il avait de l’humour, était très érudit et je me retrouvais dans ce qu’il disait. Mais je ne savais pas si je voulais continuer. On s’est quand même revu, mais il se livrait peu. Il fixait des rendez-vous, puis il les annulait ou mettait parfois une semaine à répondre à mes SMS. Un jour, chez moi, je me suis absentée de la pièce où il se trouvait et il a demandé à utiliser mon ordinateur. Naïvement, j’ai accepté. C’est à ce moment que mes problèmes ont commencé. Peu après, mon ordinateur a été touché par un virus informatiq­ue important. Un ami a tenté de nettoyer ma machine, mais c’était trop tard. Parallèlem­ent, notre relation s’est arrêtée.

Des vidéos porno

Laurent insistait pour me revoir, je refusais. Puis je suis retournée sur le site de rencontres. Je suis entrée en relation avec des hommes qui faisaient à chaque fois des allusions à des éléments de ma vie privée que je n’avais confiés qu’à Laurent. C’était très perturbant. J’ai compris que c’était lui qui était derrière tous ces profils. J’ai ensuite reçu des vidéos pornograph­iques sur mon téléphone portable. J’ai fini par aller chez lui, mais il a nié et m’a répondu en souriant : “Prouve-le.” Je suis allée voir la police [Annie vit en Suisse], qui ne m’a pas prise au sérieux. Six mois après, j’y suis retournée. Là encore, je me suis fait envoyer balader. J’ai tout arrêté sur Internet, je me suis disputée avec mes proches, je me sentais totalement incomprise, j’ai même pensé à la mort. J’ai dû déménager. Mais je continuais à recevoir des vidéos pornos sur mon téléphone. En 2013, j’ai pris une année sabbatique. A mon retour, j’ai recréé toute mon identité numérique. Et depuis, tout s’est arrêté. Aujourd’hui, je suis beaucoup plus vigilante. J’utilise les réseaux de façon sporadique. Je refuse de communique­r des informatio­ns sensibles par mail, d’utiliser les applicatio­ns de messagerie­s... Cette histoire m’a vaccinée. »

 ??  ?? Pour que son harceleur la laisse, Annie a dû recréer son identité numérique.
Pour que son harceleur la laisse, Annie a dû recréer son identité numérique.

Newspapers in French

Newspapers from France