L’Europe leur appartient
L’équipe de France féminine de handball a remporté, dimanche à Paris, son premier titre continental. Avec ce succès, les Bleues valident leur billet pour les JO.
L’idée nous est venue pendant que les Bleues, sacrées championnes d’Europe depuis quelques minutes après leur succès contre la Russie (24-21), grimpaient sur la plus haute marche du podium : elles commencent à mériter un vrai surnom, ces médaillées d’argent à Rio et maîtresses du monde, non? Deuxième titre consécutif, troisième équipe à réaliser ce doublé. Manque de pot, on est plutôt mauvais dans l’art du sobriquet.
« On a gagné cette compétition, car on a été forte collectivement. »
Alexandra Lacrabère
Le premier surnom qui nous a traversés l’esprit ? « Les Fatiguées ». Pas glorieux, c’est vrai, mais les guerrières d’Olivier Krumbholz sont apparues éreintées après leur succès final à Bercy, dimanche. «Je suis fatiguée, épuisée, mais contente. » Les premiers mots d’Alexandra Lacrabère résument assez bien une sensation partagée par l’ensemble de ses coéquipières. Avant d’avoir sommeil, elles se sont battues, ont attaqué et défendu de concert. «On a un groupe génial, on est une vraie équipe», s’enthousiasmait la femme de la première période, Estelle Nze Minko, sur beIN Sports, au coup de sifflet final. Le groupe vit bien, comme on dit au foot. Tellement, que cette cohésion s’est transformée en atout majeur de l’équipe. « Ce que je retiens, c’est qu’on a gagné cette compétition car on a été forte collectivement, confirme Lacrabère. C’est la victoire d’une équipe. Personne ne peut tirer la couverture à soi… » Symbole de cette hégémonie collective, le turnover d’Olivier Krumbholz tout au long de la compétition. « Il y a eu beaucoup d’entrées déterminantes, se félicite le sélectionneur français. Je pense au retour d’Amandine [Leynaud], qui sort peut-être le ballon du match. Je pense à Astrid [N’Gouan], qui entre et qui a été très précieuse en attaque. Elles ont été très complémentaires. » Et puis il y a ce jet de sept mètres de la discorde, en deuxième période, avec ce carton rouge cruel, «ce sketch», dixit Krumbholz, venu priver Allison Pineau des vingt-quatre dernières minutes de jeu, mais aussi galvaniser et souder un peu plus un groupe déjà dur comme un diamant. « Il fallait se battre pour elle», confie Grâce Zaadi. Et Lacrabère de surenchérir : « Ça nous a mis la rage ! » Incandescence que le public, lui aussi révolté, est venu décupler. Mais tout ceci ne nous trouvera pas de surnom à nos championnes. Pourquoi pas les Expertes ? Lacrabère refuse la comparaison avec les hommes. « Pour le moment, il n’y a pas match avec eux. » Pour le moment.