La liste des victimes dessine le portrait de Strasbourg
La liste des victimes de l’attentat dresse le portrait en creux de la ville
Depuis une semaine, Strasbourg est meurtrie, touchée en son coeur par un attentat qui a tué au moins cinq personnes et en a blessé onze autres. Et il suffit de regarder la liste des noms et les profils des victimes pour comprendre ce qu’est Strasbourg : c’est le portrait d’une ville. Celui qu’on aurait incontestablement aimé décrire dans d’autres circonstances.
Ces hommes incarnent « le côté cosmopolite de Strasbourg ».
Robert Herrmann, président de l’Eurométropole
On aurait aimé vous en parler autrement que par l’annonce de la mort d’Antonio Megalizzi, journaliste italien de 28 ans qui couvrait l’actualité du Parlement européen, de Kamal Naghchband, garagiste afghan de 45 ans, d’Anupong Suebsaman, touriste thaïlandais de 45 ans, de Pascal Verdenne, retraité strasbourgeois de 61 ans, ou encore de Barto Pedro Orent-Niedzielski, Polonais mais Strasbourgeois d’adoption de 35 ans, figure du milieu culturel et associatif de la ville.
Plusieurs personnes l’ont noté depuis les faits, mais ces hommes incarnent « le côté cosmopolite et international» de Strasbourg. Là où se croisent quelque 10 000 étudiants étrangers (20 % des inscrits à l’université de Strasbourg), des diplomates, mais aussi des immigrés, comme Barto, dont l’origine polonaise a presque été masquée tant il s’est bougé pour la ville alsacienne et ses associations depuis son arrivée, il y a vingt ans.
Par la présence des institutions européennes, qu’Antonio n’a cessé de visiter dans le cadre de sa profession, Strasbourg est aussi l’un des lieux de la démocratie et de la défense des droits de l’homme. Selon les confidences de ses proches, Kamal avait fui la guerre en Afghanistan, il y a une vingtaine d’années, pour y trouver refuge et paix. Comme pour ce père de trois enfants, Strasbourg et ses habitants avaient ouvert leurs portes lors de la crise des migrants en 2015.
Les Strasbourgeois portent haut l’héritage de l’humanisme rhénan qui berce la région. Mais pas seulement, à en croire Robert Herrmann, président de l’Eurométropole : « Strasbourg a toujours été caractérisée par, même si ça peut paraître prétentieux, les lumières de l’intelligence. Et les lieux d’éducation, dans leur diversité.» L’université de Strasbourg, aux quatre prix Nobel, est reconnue à l’international. «On est dans une espèce de film fou où, en même temps, ce sont les Strasbourgeois qui sont touchés et où on se dit que c’est aussi un peu plus que nous», résume Robert Herrmann.