Le végétal, c’est capital
Sans viande Adopter un régime végétarien ou végétalien n’est pas incompatible avec la pratique du sport de haut niveau. Bien au contraire…
Peut-on concilier une pratique du sport de haut niveau sans ingurgiter le moindre morceau de viande ou de poisson? En se basant sur l’imaginaire collectif, on s’est dit que c’est impossible. Sauf que, comme souvent quand on répond au doigt mouillé, c’est bien plus compliqué que ça.
Alors, nutritivement, de quoi un sportif a-t-il besoin ? « De glycogène, le sucre de réserve, indique Magali Moeglé, diététicienne-nutritionniste. C’est pour ça qu’il a besoin de féculents, pour faire son stock à la veille d’une épreuve. Cela ne pose donc pas de souci aux végétariens. Après l’épreuve, en revanche, il a besoin d’un apport de protéines et de sucres pour reconstruire le muscle. Mais cet apport de protéines peut aussi être végétal. » Pour Mickaël Dieleman, diététicien-nutritionniste du club de rugby de Bourg-en-Bresse, «un régime végétarien bien maîtrisé, bien équilibré, n’est pas du tout une contreindication à la pratique du sport de haut niveau ». Ce qui n’empêche pas le médecin de n’avoir jamais croisé le moindre rugbyman végétarien.
« Depuis que j’ai freiné la viande, je me sens mieux physiquement. »
S. Honrubia, handballeur
C’est du côté des handballeurs qu’on a trouvé les perles rares. « Je suis devenu végétarien lors ma dernière année pro en 2015, nous explique Guirec Cherrier, passé par Aix et Mulhouse. Le plus dur, c’était les pulsions, parce que j’aimais bien la charcuterie. Mais, physiquement, je n’ai pas eu de carences. Tu compenses par des légumineuses [lentilles, pois chiche, haricots rouges].»
S’il semble que le régime végétarien n’est en rien un boulet quand on mène une carrière de sportif de haut niveau, il peut même s’avérer bénéfique au quotidien. « Depuis que j’ai freiné la viande, je me sens mieux physiquement, estime le handballeur Samuel Honrubia. Depuis trois ans, je n’ai plus de lésions musculaires, plus de tendinites. Ce n’est pas lié qu’à cela, mais ça aide. On n’a pas un besoin physiologique d’en manger.» Un diagnostic partagé par Mickaël Dieleman : « La surconsommation de protéines est quelque chose de très acidifiant au niveau de l’organisme, et l’acidité va être synonyme d’inflammations. Donc de moins bonne récupération.» Le seul risque, en suivant ce type de régime, c’est de connaître « une grosse fonte musculaire avec un régime végétarien qui serait mal mis en place, avec une mauvaise association des protéines végétales», conclut le diététicien-nutritionniste. La crainte pour le sportif végétarien est aussi de recevoir quelques réflexions. « Certains me chambrent, rigole Honrubia. Mes coéquipiers m’appellent “Biorubi”. » De l’humour de viandard.