Pas de pitié pour les ordures
Propreté Deux maires ont choisi des méthodes opposées mais efficaces pour inciter à ne pas jeter ses déchets sur la voie publique
Dans deux communes rurales des Hauts-de-France, les maires ont décidé de prendre à bras-le-corps la problématique des dépôts sauvages de déchets sur leur territoire. A Laigneville, dans l’Oise, l’élu sans étiquette Christophe Dietrich applique le « retour à l’envoyeur ». A Raismes, le communiste Aymeric Robin mise d’abord sur la prise de conscience. Deux méthodes différentes mais très efficaces.
A peine élu maire de Laigneville, en 2014, Christophe Dietrich a lancé ses premières opérations « retour à l’envoyeur » après avoir constaté l’échec d’une politique de prévention. Dès qu’un tas d’ordures était retrouvé, les services de la mairie effectuaient une véritable enquête pour identifier l’auteur du dépôt afin de lui rapporter son bien. Le tout étant filmé et diffusé sur les réseaux sociaux. « Toutes mes plaintes sont restées lettre morte, c’est la seule solution qui me restait même si, écologiquement, ce n’est sans doute pas la meilleure chose à faire », reconnaît le maire de Laigneville.
Exposition devant la mairie
Une méthode dure qui a fait ses preuves. « Nous sommes passés de plusieurs dépôts par semaine dans la commune à seulement huit pour toute l’année 2018 », se félicite Christophe Dietrich. Pour lui, il s’agissait avant tout de marquer les esprits : « Les amendes encourues ne sont que de 68 €. Ce n’est pas vraiment dissuasif », déplore l’édile. Ce qui est vraiment dissuasif, selon lui, c’est l’efficacité de son système : « Comme pour les voisins vigilants, les habitants sont invités à ouvrir l’oeil et à signaler les indélicats. Il y a ça, et la vidéosurveillance », explique-t-il.
A Raismes, le maire a pris les choses autrement. En novembre dernier, Aymeric Robin a décidé de ne plus ramasser les dépôts sauvages pendant un mois. Il a ensuite fait une grande collecte qui a été exposée sur la place de la mairie. « Nous avons ramassé l’équivalent de deux grosses bennes, soit 16 m3 », affirme l’élu.
Pour lui aussi, l’action a été efficace. « On sent un sursaut, un frémissement dans les consciences. Il y a moins de déchets en ville », affirme-til. Cela s’est traduit par une augmentation des verbalisations grâce aux signalements des habitants : « Trois personnes ont reçu des amendes depuis l’opération. Un chiffre équivalent à six mois de l’année dernière », selon le maire. Une collecte des encombrants à domicile deux fois par an a aussi été instaurée.
Les deux élus sont cependant d’accord pour que la loi s’en mêle. Celui de l’Oise pour durcir les sanctions financières. Celui du Nord pour conditionner certaines aides comme le crédit énergie.