«Il faut toujours se battre »
La communiste Marie-Hélène Bourlard pourrait devenir la première ouvrière au Parlement européen, lors des élections en mai
Deuxième sur la liste du Parti communiste (PCF) derrière Ian Brossat, Marie-Hélène Bourlard espère devenir la première Française ouvrière à intégrer le Parlement européen, dès le 26 mai, date de l’élection. A condition que le PCF obtienne au moins 5 % des voix. « Les lobbys et les multinationales sont présents au Parlement européen, mais pas les ouvriers qui représentent 20 % de la population active. Ce n’est pas normal », lâche-t-elle en reconnaissant que, « même au PCF, à un moment, on a lâché les ouvriers pour prendre des technocrates ». Née au Quesnoy, dans le Nord, cette fan de Martha Desrumaux, figure historique du mouvement ouvrier, se propose de porter la voix du prolétariat, elle qui a passé trente-six ans dans la même usine de textile à Poix-duNord. « C’est une belle liste qui réunit 50 % d’ouvriers », assure celle qui manifeste, chaque samedi, avec les « gilets jaunes ».
Bénévole aux Restos du coeur
Le journaliste et député François Ruffin l’a fait connaître à travers son documentaire Merci patron ! Depuis, tous deux sont restés proches. « C’est dommage de ne pas pouvoir rassembler la vraie gauche », explique MarieHélène Bourlard, déçue que le PCF et La France insoumise fassent cavaliers seuls. Si elle est élue, elle promet de se battre pour instaurer un « Smic et un Code du travail européen », face aux « multinationales qui commandent, décident de l’austérité, mais s’en mettent plein les poches ». « On a su se mettre d’accord pour faire l’euro, mais, dès qu’il s’agit d’Europe sociale, il n’y a pas moyen », déplore-t-elle. Cette femme, qualifiée de «joviale» et « sincère » par ses proches, regrette aussi « le manque de services publics » du territoire où elle vit. «Les postes ferment, il n’y a plus de commerces dans les petits villages, on manque de médecins. »
Retraitée depuis un an et demi, elle passe une partie de son temps libre comme bénévole aux Restos du coeur. «Il faut prendre le temps de s’occuper des autres. » Lors des vacances scolaires, Marie-Hélène Bourlard se fait aussi un plaisir d’accueillir un enfant du Secours populaire.« J’ai appris qu’il fallait toujours se battre pour obtenir quelque chose », note-t-elle. A la mort de son père, alors qu’elle n’a que 16 ans, elle quitte l’école pour entrer à l’usine Bidermann en tant que presseuse. « Tout de suite, j’ai été contactée par le délégué syndical CGT qui m’a fait adhérer, raconte-t-elle. Je suis toujours restée militante à la CGT, puis au PCF. » Lorsque l’usine a fermé en 2007, victime d’une délocalisation, elle est devenue ambulancière. «Ça m’a plu, se souvient-elle. On est près des gens, et on voit aussi la misère de près.» Au Parlement européen, elle en aura, des plaies à panser.