Des patrons d’autoécole descendent dans la rue
Auto-écoles Un rapport visant à modifier l’obtention du permis de conduire inquiète deux organisations professionnelles
C’est un rapport sur le permis de conduire que personne n’a lu en entier et qui ne sera publié que mardi. Mais il a suffi que quelques pistes du document soient dévoilées pour provoquer la colère des auto-écoles. «Le permis de conduire peut aussi devenir un permis de tuer quand sa qualité est bradée», préviennent d’ores et déjà le CNPA (Conseil national des professions de l’automobile) et l’Unidec (Union nationale intersyndicale des enseignants de la conduite), qui manifesteront sur le périphérique parisien ce lundi. Deux propositions du rapport coordonné par la députée LREM Françoise Dumas hérissent les organisations du secteur : la création d’un agrément «national» et l’ouverture d’une plateforme pour que chaque candidat puisse s’inscrire quand il le souhaite à l’examen pratique du permis. Aujourd’hui, une auto-école doit obtenir un agrément au niveau du département où elle est implantée. Si l’idée du rapport était mise en oeuvre, demain, il suffirait d’un seul agrément pour opérer partout en France. «Comment va-t-on contrôler les formateurs dans ces conditions? » s’interroge Patrick Mirouse, président de l’Unidec, qui craint aussi que cette réglementation favorise les nouveaux entrants. En l’occurrence, les plateformes en ligne.
La concurrence d’Internet
Ces dernières affichent des tarifs bien inférieurs à ceux des auto-écoles classiques (elles n’ont pas de locaux et leurs moniteurs sont auto-entrepreneurs). Edouard Rudolf est plutôt surpris de l’opposition du secteur à un agrément national. «Il existe déjà, affirme le cofondateur d’En voiture Simone. Nous avons été attaqués là-dessus et la justice nous a donné raison.» Un jugement rendu le 29 janvier indique en effet que « la société [En voiture Simone] peut conclure des contrats à distance avec ses clients et il ne lui est aucunement imposé de disposer d’un local dans chacun des départements où elle exploite son activité ».
L’autre motif de colère des auto-écoles, c’est cette plateforme nationale. Actuellement, deux systèmes cohabitent : soit l’auto-école inscrit l’élève à l’examen pratique du permis de conduire, soit ce dernier se présente en « candidat libre ». Avec la plateforme, le candidat serait totalement libre de choisir son créneau, qu’il ait été formé «en ligne» ou par la voie classique. «Les auto-écoles classiques ne pourront plus truster les places pour leurs meilleurs élèves», juge Edouard Rudolf. «L’école de conduite sait quand les élèves sont prêts, et c’est pour ça qu’elle les présente au bon moment pour maximiser leur réussite», rétorque Patrick Mirouse.
Les arguments des deux camps sont déjà bien affûtés. Le gouvernement, lui, n’a pas encore indiqué quand et comment il traduira ce rapport dans un projet de loi. Quoi qu’il en soit, il faut une baisse « drastique » du coût du permis de conduire, avait martelé en novembre Emmanuel Macron.