20 Minutes (Lille)

Deux activistes en détention provisoire

Antispécis­tes Trois femmes et un homme sont accusés d’avoir vandalisé de nombreux commerces

- Mikaël Libert

Procès renvoyé, mais le ton est donné. Vendredi, quatre militants antispécis­tes étaient jugés en comparutio­n immédiate devant le tribunal correction­nel de Lille. Ces trois femmes et un homme sont accusés, à des degrés différents, d’avoir participé au vandalisme de boucheries, restaurant­s et d’autres commerces entre décembre 2018 et janvier 2019 au nom de la cause animale. Des faits que le représenta­nt du ministère public n’a pas hésité à qualifier de terroriste­s. La demande de renvoi du jugement n’a pas empêché l’audience d’être mouvementé­e. Ils sont âgés de 24 et 40 ans et, de l’aveu du président du tribunal et du procureur, ils n’ont pas le profil habituel des prévenus de comparutio­n immédiate. Mathilde B. est assistante en puéricultu­re, Cyril B. est médiateur social, Johanna G. est assistante marketing et Eva C. a fait des études de sociologie. Mercredi, ils étaient encore tous inconnus des services de police. Aujourd’hui, ils encourent jusqu’à dix ans de prison. Mathilde B. et Cyril B. sont poursuivis pour 14 faits de «dégradatio­n du bien d’autrui », dont plusieurs par incendie. «Des faits extraordin­airement graves», pour le ministère public qui insiste sur l’absence « de contrôle sur le feu et les conséquenc­es que cela peut avoir ». Dans ses réquisitio­ns pour demander le maintien en détention de Mathilde B. et Cyril B., le procureur déclare : «Les victimes ont subi un harcèlemen­t presque quotidien. Leur entourage et les personnes de la profession sont inquiets.» Dans la foulée, il cite l’article 421-1 du Code pénal : « Une infraction constitue un acte de terrorisme, lorsqu’elle est intentionn­ellement en relation avec une entreprise individuel­le ou collective ayant pour but de troubler gravement l’ordre public par l’intimidati­on ou la terreur.» Le mot «terrorisme» fait bondir l’avocate des deux prévenus : « La gravité des faits ne peut être retenue pour décider ou non du maintien en détention», tempête maître Marie Rueff. « On parle d’un mobile qu’on ne comprend pas et que nous allons expliquer longuement lors de l’audience de renvoi », poursuit-elle. Le président lui-même demande à Cyril B. d’expliquer ses motivation­s. «Le spécisme, c’est considérer que des individus sont inférieurs par rapport à d’autres», résume-t-il. «Une idéologie qui se respecte si elle respecte les autres. Mes clients n’ont rien fait pour mériter cela », insiste Damien Legrand, l’avocat du syndicat régional des bouchers, partie civile. Le procès a été renvoyé au 19 mars 2019. Le procureur et la partie civile ont convaincu le président, celui-ci a placé Mathilde B. et Cyril B. en détention provisoire. Les deux autres ont été libérés sous contrôle judiciaire.

Ils n’ont pas le profil habituel des prévenus de comparutio­n immédiate.

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Boucheries, restaurant­s et magasins avaient subi des dégâts à Lille.

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