Après trente ans d’attente, Spike Lee savoure son oscar
Cinéma Le réalisateur a reçu son premier oscar pour «BlacKkKlansman», dimanche soir à Los Angeles, après plus de trente ans de carrière
Cela restera l’une des images de ces Oscars 2019 : Spike Lee sautant de joie dans les bras de Samuel L. Jackson. Après plus de trente ans de carrière, presque autant de films, le cinéaste engagé a décroché, dimanche soir à Los Angeles, son premier véritable oscar, dans la catégorie du meilleur scénario adapté, pour BlacKkKlansman, qui évoque l’histoire vraie d’un policier noir infiltré dans les rangs du Ku Klux Klan. Pour se rendre compte de l’événement, il faut se souvenir que Spike Lee a reçu un oscar d’honneur en 2016. Le réalisateur s’affirme dans un cinéma politique et militant avec Do the Right Thing (1989) ou Malcolm X (1992), produits à l’écart de Hollywood. En parallèle, il développe une image de cinéaste grand public, avec ses publicités pour Nike dans les années 1980, ou des films plus classiques, comme Inside Man (2006), son plus grand succès au box-office à ce jour. Mais, même pour La 25e Heure (2002), l’un des meilleurs films des années 2000 pour la critique américaine, Spike Lee est boudé par les institutions. C’est pourquoi il demeure attaché à son indépendance. Il signe ainsi un téléfilm, « Suker Free City» (2004); un film d’horreur, Da Sweet Blood of Jesus (2014); la première production Amazon Studios, ChiRaq (2015) ; ou une adaptation de Nola Darling n’en fait qu’à sa tête en série pour Netflix (2017). Avec toujours la communauté afro-américaine et les tensions raciales en toile de fond.
« Choisissons l’amour »
Dimanche, Spike Lee ne s’est pas gêné pour donner un discours plus engagé que jamais : « Nous sommes en 2019, et cela fait tout juste quatre cents ans que nos ancêtres ont été dérobés à la mère Afrique, et amenés à Jamestown, en Virginie, pour être esclaves. Ma grand-mère, qui vécut jusqu’à 100 ans, fut diplômée à l’université, alors que sa mère était esclave. Ma grandmère a économisé cinquante ans de chèques de Sécurité sociale pour que son premier petit-fils puisse s’inscrire à une école de cinéma. Ce soir, je salue nos ancêtres qui ont bâti ce pays. L’élection présidentielle 2020 est toute proche. Mobilisons-nous ! Soyons tous du bon côté de l’histoire, choisissons l’amour au lieu de la haine, faisons ce qui est juste ». En anglais : « do the right thing».