20 Minutes (Lille)

L’Indian Super League a bien perdu de sa superbe

Lors de son lancement en 2014, le championna­t indien avait attiré de grands noms. Mais leur départ a fait baisser le niveau général

- Antoine Huot

L’Indian Super League (ISL) a perdu de sa superbe. Il y a cinq ans, cette ligue fermée (composée aujourd’hui de dix équipes) se targuait d’un onze-type de stars : James, Zambrotta, Nesta, Lucio, Roberto Carlos, Sissoko, Malouda, Pirès, Del Piero, Trezeguet, Anelka. Aujourd’hui, ces noms ronflants ont laissé la place à Ogbeche (ex-PSG), Uche (ex-Bordeaux), Sogou (ex-OM) et Machado (ex-TFC). Il faut bien se mouiller la nuque dans le Gange pour comprendre comment les projecteur­s ont pu se détourner si vite de l’ISL. Tout d’abord, en Inde, le foot se heurte à une institutio­n : le cricket. « La différence entre les deux sports est immense, affirme Akash Khanna, journalist­e sportif à NDTV. Ici, les enfants ont une batte de cricket avant d’avoir un ballon de foot.» Différence de popularité certes, mais différence de moyens aussi. Selon Forbes, en 2017, Hero MotoCorp, constructe­ur de deux-roues, n’a lâché « que » 22 millions d’euros pour apposer son nom à l’ISL pendant trois ans alors que le championna­t de cricket a reçu 300 millions d’euros de la marque chinoise de smartphone­s Vivo, pour un contrat de cinq ans.

«Au début, les clubs investissa­ient dans des joueurs phares, indique l’ex-Caennais Cédric Hengbart, qui a disputé trois saisons en ISL. Cela a entraîné un engouement populaire, à part, peutêtre, dans les grandes villes. A partir de la troisième année, cela s’est gâté. Beaucoup d’agents ont commencé à graviter autour de l’ISL, venant avec des joueurs moyens. Dans l’ensemble, ça a été un gros flop.» Dans le même temps, l’ISL a aussi souhaité donner plus d’importance aux joueurs locaux, pour, notamment, améliorer la sélection. « Le nombre d’étrangers par club est limité à 7, et on ne peut en aligner que 5 en même temps sur le terrain, explique l’attaquant uruguayen Federico Gallego, qui évolue à NorthEast United. A tous les matchs, un joueur indien de moins de 21 ans doit aussi être aligné. » Mais, s’il y a moins de stars, c’est aussi parce que le format de l’ISL a changé. «Ils sont passés d’une saison de 2-3 mois à une de 8-9 mois, précise Cédric Hengbart. Avec un match par semaine, tu passes ton temps à l’hôtel et tu n’as pas la possibilit­é de faire des activités en dehors. » Une fréquence qui a eu aussi une répercussi­on sur la fréquentat­ion des stades comme à Kerala. Dans le stade de l’ancien club de Cédric Hengbart, la moyenne est passée de 48 000 à 21 000 spectateur­s, en quatre ans. Pour autant, « les stades sont très grands et les gens poussent leur équipe, précise Federico Gallego. Peu à peu, une culture foot est en train de se former dans le pays. »

« Avec un match par semaine, tu passes ton temps à l’hôtel. »

Cédric Hengbart, ex-joueur de Kerala

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##JEV#91-253-https://bit.ly/2tDI83m##JEV# Avec le nouveau format de la compétitio­n, l’affluence des stades a chuté.

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